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bleuhorizon2

9 avril 2018

lien blog

Bonjour,

 

Vous trouverez la première partie de ce blog, sur le lien suivant:(que j ai du alléger, pour un chargement plus rapide !)

http://bleuhorizon.canalblog.com/

bonne découverte sur cette grande guerre !

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9 mars 2018

L Alcool et les soldats durant la grande guerre 14 18 !

Un petit sujet intéressant, que je vais commencer..:

 

Chez les Français:

 

Dénommé le "pinard", mot argot qui signifie vin de mauvaise qualité…qui viendrait, du mot pineau, qui est un cépage.

Dès 1914, les poilus vont recevoir gratuitement, un quart de vin par jour, puis augmentée à 2 quarts en 1916, puis 3 quarts en 1918 ! (heureusement que la guerre s’est arrêtée là ! J  ) En fait, une partie de la production nationale est réquisitionnée pour nos poilus ! Ils auront aussi, quelques centilitres d’eau de vie ! De leurs deniers personnels, les poilus pouvaient aussi acheter, à l’arrière dans des débits de boissons, cantines…

Le pinard, a surement été un gros déstressant, durant cette guerre ! Une bonne rasade avant de passer le parapet de la tranchée, a dû aider … ! C’était aussi, de bons moments à passer à picoler, avec une bonne partie de cartes, entres compagnons d’armes, surtout après un assaut contre l’ennemi ! Celui-ci consolide la fraternisation !

L’alcool a permis aussi, aux hommes de lutter contre le froid ! J’ai lu un livre sur un soldat du 87ème ri (…..) qui demandait à sa famille, qui leurs mettent régulièrement, une ou plusieurs fioles d’alcool de menthe dans le colis.

Il a fallu une grosse logistique, pour distribuer quotidiennement tout ce vin ! Il y a eu des unités de stockage, proche des voies ferrées..Les vins sont livrés dans des entrepôts régionaux. L’intendance de l’armée utilise des wagons foudres pour acheminer le vin. Une fois arrivé dans les stations près du front, celui-ci est mis en fûts et distribué aux cantonnements par camions.

On retrouve de nombreux documents (cartes postales, chansons, poésies..) qui glorifient le pinard !

De nombreux poilus, devinrent alcooliques, à force de boire quotidiennement leurs rations… ! Cela devint un fléau national… !

 

bidon alcool

 

 

le pinard

 

 

pinard

tonneau alcool

graine de poilu

 Dessous: l alcool à l arrière..

groupe alcool

 

dessus: On voit souvent ce genre de photo, prise à l arrière, de groupes de soldats, avec une bonne bouteille... 

BYRRH

Dessus: l alcool BYRRH. Le Byrrh est un vermouth français créé à ThuirPyrénées-Orientales, en 1866, la marque Byrrh ayant été déposée en 1873. C'est un vin additionné de mistelle et aromatisé essentiellement au quinquina. Source wikipédia

 

BYRRH 4LOG

PUB BYRRH

 

Dessus: encore une belle publicité de chez "BYRRH"

alcool tranchée

 

le pinard

 

dessous: une petite chanson !

 Comme la Madelon, ce chant de marche a été créé par Bach pendant la guerre de 14-18. 


Sur les chemins de France et de Navarre, 
Le soldat chante en portant son barda, 
Une chanson aux paroles bizarres 
Dont le refrain est "Vive le pinard !" 

Ca réchauffe par ousse que ça passe, 
Vas y marsouin, 1, 2, remplis mon quart, 3, 4, 
Vive le pinard, vive le pinard !  
Dans la montagne, culbute la bergère 
De l'ennemi, renverse le rempart, 
Dans la tranchée, fous-toi la gueule par terre 
Mais nom de Dieu ne renverse pas le pinard. 

Aime ton pays, aime ton étendard, 
Aime ton sergent, aime ton capitaine, 
Aime l'adjudant même s'il a une sale gueule, 
Mais qu'ça t'empêche pas d'aimer le pinard. 

Dans le désert on dit que les dromadaires 
Ne boivent pas, ça c'est des racontars. 
S'ils ne boivent pas, c'est qu'ils n'ont que de l'eau claire, 
Ils boiraient bien s'ils avaient du pinard. 

Petit bébé, tu bois le lait de ta mère. 
Tu trouves ça bon, mais tu verras plus tard, petit couillon, 
Cette boisson te semblera amère 
Quand tu auras gouté au pinard. 

Ne bois jamais d'eau, même la plus petite dose, 
Ca c'est marqué dans tous les règlements ! 
Les soldats disent : "Danger l'eau bue explose" 
Va donc chantant sur tous les continents. 

Si dans la brousse, un jour, tu rendais l'âme 
Une dernière fois, pense donc au vieux pinard ! 
Si un giron a remplacé ta femme, 
Jamais de l'eau n'a remplacé le pinard !

 Le Pinard

 

Le pinard c'est de la vinasse

(merci à Fréderic P de m avoir envoyé cette chanson !)

pinard 

Dessus: Le pinard, le compagnon du poilu, pour faire passer les moments difficile de la tranchée ! (photo de killer2lamor, membre du site lagrandeguerre...)

CAMION

Chez les Allemands:

 

Ils étaient avant tout, gros consommateur de bières !

 

bouteille Argonne (8)2log

 

Dessus une bouteille de  Hans Hertrich. La firme bavaroise existait depuis 1875; Elle renfermait une boisson fortifiante qui n'est autre que de l'amer ( Bitter ) réalisé à partir d'herbes médicinales.;Ce type de bouteille existe en deux tailles.

alcool hans hertrich

 

 

 

 

 

 

 (doc de "killer2lamor")

hertrich biter

 (doc de "killer2lamor")

Des liqueurs:

 

liqueur

 Dessus: Voici la plus belle bouteille à liqueur de poche que vous pouvez trouver ; elle est dite dans l'Est "bouteille à jugulaire" car tout autour le verre représente une jugulaire et de l'autre coté  ES LEBE DER KAISER.

Verschluss avec un petit aigle

dessus: Une petite bouteille de poche, présentée, par un soldat Allemand, de marque Verschluss avec un petit aigle, marquée: AECHTER aromatique feinster Magen liqueur TH LAPPE  NEUDIETENDOPF Thuringen.(doc de "killer2lamor")

Verschluss avec un petit aigle

dessus: détail de la fiole...(doc de "killer2lamor")

bouteille Hindenburg

Dessus: le modèle de bouteille "Hindenburg" (doc de "killer2lamor")

croix de fer

 

(doc de "killer2lamor")

bouteilles

 

(doc de "killer2lamor")

2 bouteilles alcool

dessus: 2 très jolies bouteilles..(doc de "killer2lamor")

COGNAC2LOG

9 mars 2018

La classe

La classe !

 "Une classe de conscrits, désigne l'ensemble des jeunes d'un pays appelés au service militaire nés la même année. Pr exemple, en France, la classe portait le millésime plus vingt ans de l'année de naissance : exemple, la « classe 1919 » comprenait tous les jeunes gens nés en 1899. Dans certaines communes françaises, une photographie était prise, chaque année" (wikipedia)

 

La fête des conscrits:

La création de la conscription est apparue un peu partout en France, une tradition durant laquelle les jeunes adultes de chaque commune se réunissaient et faisaient la fête, avant de partir à l'armée. Cette tradition marquait en quelque sorte l'entrée dans le monde des adultes. À l'origine cette tradition était réservée aux hommes, et la professionnalisation des armées mit fin à beaucoup de fêtes de conscrits. Dans les endroits où cette tradition perdure, les filles sont généralement admises.

Les fêtes de conscrits sont fortement liées aux fêtes des classes et sont même parfois assimilées à ces dernières, mais les fêtes des conscrits désignent plutôt les fêtes organisées avant de partir à l'armée (aujourd'hui celles-ci sont organisées par les jeunes de 18 ou 20 ans) alors que les fêtes de classe désignent les fêtes regroupant toutes les personnes nées la même année.

Les fêtes de conscrits varient d'une région à une autre, et même à quelques kilomètres de distance les différences peuvent être flagrantes. Cependant, dans beaucoup de villages des bals sont organisés par les conscrits et ceux-ci portent généralement un canotier, une cocarde tricolore, annoncent leur venue en « jouant » du clairon et chaque classe possède son drapeau (de plus en plus rare).

La fin du service national aurait logiquement dû marquer la fin de cette tradition, mais beaucoup y restent encore attachés. Certains considèrent cette tradition comme une beuverie, alors que d’autres, particulièrement en milieu rural, estiment qu'il s'agit d'une tradition très ancrée, qui à l'instar du service militaire, représente une période riche en anecdotes laissant à ses acteurs le souvenir d'une expérience mémorable (source wikipedia)

LA CLASSE 1916

 Dessus: Souvenir de la classe 1916.

29 décembre 2017

Noël dans la tranchée, la trêve du 25 décembre

 

 

Un sujet bien intéressant, et peu de témoignages !! Il faut dire, qu il y avait la censure...!

 Noel25decembre1914

Dessus: un témoignage intéressant, passé au travers de la censure, d'un poilu du 274ème R.I. Gaston Olivier (mort le 15 janvier 1915 )  cette lettre a été écrite dans la tranchée à l'ouest de Reims près de La Neuvillette le 25 décembre 1914 . (document de "Alain Chaupin".)

Lettre écrite à sa femme le 24 décembre 1914.

Ce jour là, les Allemands chantent une chanson de noël, dans la tranchée, les Français, curieux, jettent un oeil en dehors de la tranchée, 2 Allemands agitent leur calots, et 2 Français en font autant ! Les Français s avancent et les Allemands aussi, et se rencontrent au milieu de la plaine, et se serrent la main ! Et, de là, toute la tranchée, du coté Français et Allemand se lève, et ce sont des poignées de mains, on se prend dans les bras...La magie de nöel ! On s'offre à boire..Celà, a duré une dizaine de minutes, mais stoppée, par un officier Allemand, tout le monde est revenu à son poste...

Un fait qui peut etre, s est déroulé aussi dans d autres endroits ! 

Vous pouvez regarder le film "Joyeux noël" dont le fond de l'histoire relate ces trêves !

merry-christmas-joyeux-noel-poster-0

noel tranchéeLOG

 

noel 1916

 Noël 1916

noel 16

 

noel 16

 

decembre noel

 

decembre noel

 noel au front

 dessus: deux boules et un fragment de guirlande, trouvées au fond d'un abri  allemand. photo de "Drachenhöhle" membre su site lagrandeguerre..)

chrismas

 

 Dessus: carte cousue, "Merry chrismas" ! (joyeux noël) 

noel2

3 octobre 2014

Carnet d emploi du temps de l observateur bombardier Rollet

Dessous, photographie du carnet du Lieutenant Rollet 1916 (cliquez sur les photos pour les agrandir !)

 

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 Le Lieutenant Rollet Marcel, centre d'aviation Militaire , école de tir aérien de CAZEAUX 

 

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17 décembre 2013

Carnet de guerre de SOUVESTRE Alfred Jacques Emile, soldat au 8ème Génie

 

                      Carnet de guerre de SOUVESTRE Alfred Jacques Emile, soldat au 8ème Génie 

 

Né le 2 décembre 1893 à Le Mans (Sarthe)

 

 

SOUVESTRE1LOG

Dessus: Argonne 1916, Ravin de la Gorgia, entre la Croix de pierre et la Forestière.

 (ravin de la Gorgia entre la croix de pierre ( au carrefour des routes de neuvilly au claon et de la haute chevauchée) et la forestière (maison forestière en face du cimetière militaire actuel), il est situé à l'est de la route de la haute chevauchée)

 

                                           ravin de la gorgia 1916

 

 

Dessus: encore le ravin de la Gorgia (Argonne) PC D.C9.  1916 

Dessous: les écrits de ce soldat télégraphiste, qui avait été dans un premier temps écrits sur des petits carnets, et écrits au crayon, et retranscrits en 1963.

 

carnet         insigne génie

 

 

 

bleuhorizon 

 

ravin de la gorgia 1916

 

Dessus: photo annotée, Argonne, ravin de la Gogia, PC AD9 . 1916

carte front

 

Dessus: carte pour se situer... 

 

 

LE PROLOGUE

On accuse souvent les anciens combattants de raconter trop volontiers leurs souvenirs. C’est vrai peut être. Réfléchissez cependant ce qu’on vécut ces hommes transplantés du jour au lendemain d’une vie paisible dans 52 mois de la plus formidable tragédie qu’ait vécu le genre humain. 52 mois jours et nuits de morts et d’épouvante. 52 mois de nuits dehors par des nuits glaciales, de l’eau jusqu’à la ceinture, dans la boue jusqu’aux genoux. Comme compagne la mort, comme vision celle des milliers de cadavres qui pourrissent sans sépulture, comme accompagnement le bruit infernal des explosions, le miaulement assourdis des obus à gaz, la plainte affreuse des mourants.

Dans la guerre de 40-45, il y eu de longs entractes. La bataille elle-même dura peu.

Songez 52 mois d’enfer : comment voulez-vous que tous ces anciens survivants de 1 800 000 morts et de tous ceux qui moururent ensuite gazés, meurtris, oublient les épisodes ou sont tombés tous ceux-là. Pardonnez-leur, eux se souviennent, ils se souviennent peut-être seul des disparus au cours de cette guerre ou ils se sacrifièrent héroïquement pour leurs enfants pour ceux qui viendraient après eux. Ils étaient tellement persuadés que c’était la dernière.

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1963.

 

C’est presque une gageure, que de vouloir 45 ans après, vouloir évoquer 5 ans d’une guerre atroce, ou chaque jour, chaque heure, fournissait son contingent de morts. Sans doute avais-je pris quelques notes au crayon sur un carnet – le long séjour dans une poche de capote, la pluie qui l’a transpercé, le frottement des feuilles l’une sur l’autre l’on rendu totalement illisible. C’est donc à ma mémoire qu’il me faut faire appel. Je laisse intentionnellement le verso de chaque page pour y rajouter certains faits oubliés tout d’abord ou certaines anecdotes qui tous se rapportent à la grande guerre.

Je demande à mes enfants, et petits enfants de toujours léguer à ceux qui les suivront ce cahier avec mes médailles de guerre.

En effet je craindrais que devant ces décorations assez nombreuses, on me prenne plus tard pour un pourfendeur de Boches, un être sans cœur, et sans peur ne pensant qu’à tuer.

Ma fonction n’était pas de tuer, j’étais caporal télégraphiste, en réalité surtout téléphoniste, du 8ème génie dans la 42ème puis la 9ème division d’infanterie.  Téléphoniste cela n’a rien d’héroïque et pourtant…..

Le fil fragile qui relie la tranchée de la première ligne à celle de soutien transmet de demande de soutien de l’artillerie, l’annonce de l’attaque ennemie, les demandes de renforts, l’envoie de brancardiers etc… J’ai toujours considéré ma fonction comme un sacerdoce. De son exécution rapide envers et malgré tout dépendait la vie de beaucoup d’hommes.

Je me suis efforcé de faire abstraction de moi-même en me demandant si le sort d’un groupe valait qu’un seul risque sa vie pour lui. La réponse est évidemment affirmative. Alors pas d’hésitation, obus, gaz, nuit, boue, mitraille. Tant-pis marche ! et c’est tout ce que j’ai fait. Oh pas sans mal, sans peur ! A vingt ans la bête se révolte contre la mort qui rôde. Il faut lutter contre l’épouvante qu’accroit la vision des morts épars sans sépulture. Il faut braver ces obus qui éclatent, nous couvrant de terre, vous jetant au sol, tuant broyant tout, remuant une fois encore la terre bouleversée.  Et puis l’épuisement physique qui mine moral. Marche quand même télégraphiste ! Les camarades ne compteront pas en vain sur toi !

Voilà la vie du télégraphiste ! Pas d’attaque ou l’on part au coude à coude par centaine. Nous somme deux. L’un porte l’appareil téléphonique sur son dos, l’autre la bobine de fil. Qu’elle joie quand trouvant la ligne coupée, on entend sur chaque bout la voix du camarade de chaque poste. Vite on répare et on revient. Souvent quand on arrive on vous apprend que la ligne est à nouveau rompue. Repars téléphoniste ! Mets ton masque ! Il y a des gaz. Tu halèteras dans ce terrain chaotique sous ta cagoule, avance quand même ! Des hommes qui peut-être demain te traiteront d’embusqué attendent le salut de ton courage.

Qui donc le connait ce courage solitaire ?

Nous sommes deux isolés dans ce camp de carnage.

 

Aout 1914 –

 

affiche_mobilisation 1914

(photo affiche, source net)

Depuis quelques jours, on ne parlait plus que de la guerre imminente !!

Dans les casernes il y avait grands branle-bas.

Chez nous les télégraphistes on préparait des voitures (à chevaux). On les remplissait de matériels téléphoniques, appareils, fils, tableaux, télégraphe, masses, projecteur pour l’optique, boussoles, cartes etc….

Le premier aout des détachements partaient vers l’est surement.

Le deux les affiches blanches ornées de deux drapeaux tricolores annonçaient  la mobilisation nationale des armées de terre et de mer. Pas de surprise on s’y attendait. Les réservistes partaient accompagnés jusqu’aux gares de femmes et d’enfants pleurant. Les hommes s’efforçaient de crâner.  A noël nous serons de retour vainqueur bien sûr !!

Car malgré l’angoisse, la tristesse de l’heure, cette guerre c’était presque une délivrance, la fin d’un cauchemar, on allait la reprendre notre Alsace, la retrouver notre Lorraine, ces provinces perdues qu’à l’école on avait dit toujours accablés sous le poids de notre défaite de 1870. Des vieux aux rubans vert et noir de 1870 venaient encourager les soldats dans les gares. Ils allaient le retrouver le pays qu’ils avaient fui pour n’être pas allemand.

Les mères, les épouses, les fiancées s’étourdissaient dans l’enthousiasme ! On acclamait les soldats qui prenaient d’assaut les trains ou l’on avait écrit à la craie : Pour Berlin. On s’étonne aussi que certains ne soient pas encore partis, comme si des millions d’hommes pouvaient être transportés le même jour.

Les gares de l’est et du nord étaient des fourmilières humaines. Dans les gares de marchandises s'embarquaient les chevaux, les voitures, l’intendance, toute la cavalerie.

La mobilisation ! Œuvre prodigieuse du rail. Réussi dans son ensemble en un temps record.

Et ce fut mon tour. Notre détachement comprenait : un lieutenant Comte de Marliave, un adjudant, un sergent, deux caporaux, en tout 22 hommes avec les sapeurs télégraphistes + douze conducteurs dont un maréchal des logis pour les voitures de matériels tirés par des chevaux. Ces hommes étaient des réservistes venues des dragons ou des cuirassiers.

Notre lieutenant était réserviste  et ne connaissait absolument rien à la télégraphie militaire dans laquelle il n’avait pas servi.

Et nous partîmes en train spécial (wagons à bestiaux bien entendu). 94 hommes et une dizaine de chevaux. Nous mimes deux jours à joindre Is sur Tille (côte d’or). Fréquemment nous étions garés sur des voies auxiliaires, pour laisser passer des trains de troupes.

 

Is sur tille

 

Le lendemain de notre arrivée nous apprîmes que nous étions affectés à la deuxième division marocaine. Elle était parait-il à Noisy le Sec. En route pour Noisy le Sec. Les chevaux étaient toujours dans les wagons.

 

noisy le sec

 

A Noisy pas de division Marocaine. Qu’à cela ne tienne elle était aux Aubrais, gare de triage d’Orléans. Encore deux et voici les Aubrais, toujours rien. Repartez elle est arrivée à Noisy le Sec. Nous y voici de nouveau. On veut nous réexpédiez aux Aubrais. le lieutenant profitant de la proximité de Paris, se rend au ministère de la guerre. Il en revient. Nous partons dans l’est toujours dans notre train spécial.

En cours de route nous nous arrêtons en gare de Troyes.

 

troyes gare

 

Un train de blessés y arrive. Ces sont des hommes de front de Champagne de la bataille de la Marne ou de l’est sans doute. Voici trois jours qu’ils sont dans ce train sans soins. Ils s’en vont en Auvergne. Leurs plaies sentent mauvais, il fait chaud. Nous sommes en aout. Nous leur donnons nos paquets de pansements individuels. Il n’y a personne dans la gare, plus de docteurs en ville. Les plus valides des blessés veulent déposer les morts sur les quais car dans chaque wagon (à bestiaux) il y en a.

Arrive je sais plus qui, qui les fait rembarquer. Ils nous disent nous les jetterons un peu plus loin, c’est une infection. Le service de santé est lamentable, insuffisant. Nous repartons et débarquons à Commercy.

 

commercy2log

 

Nous logeons une nuit dans la caserne désertée du 13ème d’infanterie. Les lits sont défaits, sur les tables les assiettes sont pleines de rata moisis, des vêtements civils de réservistes sont jetés un peu partout, d’autres sont rangés. Le départ a dû être subit. Des montres ont été oubliées sur les tables dans la fièvre du départ imprévu.

P.8 Nous partons à pied cette fois pour Varvinay. Nous passons près des forts camouflés de notre défense de l’Est, près du fort du camp des romains supérieurement armés imprenable !!

 

camp des romains6log

 

A Varvinay, petit village Meusien sale, aux maisons sans fenêtre, qui prennent le jour par un trou carré dans le plancher du grenier qui donne un peu de la clarté de quelques vitres sales logées dans le toit.

 

varvinay

 

On nous donne un coin pour coucher. C’est le réduit des cochons avec tout son fumier souillé et odorant. Le lendemain avec une voiture nous partons quelque uns avec un adjudant à une dizaine de kilomètre construire une ligne. Nous commençons notre travail dans une région boisée. Il est interrompu par des coups de fusil. Quelques soldats français nous disent qu’à l’endroit où nous devons aller, les allemands y sont déjà et que se sont eux qui nous tirent dessus. Nous essayons de contacter Varvinay. Plus personne, on ne nous répond pas, on ne nous répond plus.

P.9 La raison c’est que nous battons en retraite, et que comme cela se produira souvent par la suite, on nous a oubliés. Nous repartons à Varvinay. Plus de trace de notre détachement. Cependant on nous indique de nous replier sur Toul, à pied cette fois car les 2 chevaux tirant la voiture sont fatigués. On ne les dételle pas. Ils couchent dans les hangars. Il pleut à torrent. Nous croisons l’artillerie qui bat en retraite. Les routes sont insuffisantes pour les convois, certains empruntent les coteaux qui bordent la route, et qui sont couvert de vignes. Des chevaux s’affaissent épuisés. On coupe leurs traits et on les pousse dans les fossés. Certains reprennent vigueur et galopent à travers champ. Nous arrivons à Han-sur-Meuse. Les ponts n’existent plus. Ils faut franchir le fleuve à gué. Pour ce, nous grimpons sur le toit de la voiture, malheur elle est entouré de planches formant galerie, laquelle est pleine d’eau. Tant pis on cravache les pauvres bêtes et cahotant sur le fond rugueux de la rivière, nous atteignons l’autre rive. Nous descendons un peu plus trempés encore.

P.10 La pluie tombe toujours. La nuit vient. Les conducteurs (ils sont deux) vont chercher dans les champs ou demeure encore les moissons, des gerbes que tout à l’heure, ils donneront à leur chevaux. Nous nous arrêtons près d’une grange remplie de foin. Nous nous fourrons dedans. Et allons dormir car cette longue marche nous a fatiguées. Nous sommes à peine là d’une heure qu’une estafette cycliste ouvre la porte, alerte les boches arrivent, il faut repartir. Et dans la nuit nos ombres se glissent. Mais nous n’avons rien à manger, nous sommes épuisés. Vers midi nous atteignons un village, ou nous nous reposons dans une fabrique de carreaux de céramique. Là il y a des civils. L’adjudant achète des côtelettes de porc et du pain. Nous faisons griller les premières comme nous pouvons sur un feu de bois. Nous apprenons que nous suivons dans sa retraite le 20ème corps. Car nous ignorons toujours à qui nous appartenons. Un peu réconforté, on se remet en route. On arrive à la nuit à Toul.

 

toul

 

Nous ne sommes pas arrivé encore, P.11 Il nous faut aller au fort de Domgermain.

 

fort de Domgermain

 

La côte pour y arriver est si forte que nous devons pousser la voiture, les chevaux n’en pouvant plus. Nous non plus. Enfin d’une grange du village des sapeurs de notre détachement sortent et nous aperçoivent. Nous sommes transis, car il pleut toujours. Nous réclamons du café, il n’y en a pas, et il faut redescendre la côte pour avoir de l’eau, il n’y a rien non plus à manger. Nous nous couchons, nous avons fait 60 à 80 km sans repos à pied.

Comment quelques jours plus tard, nous trouvons nous à Clermont-de-l ‘Oise ? Les allemands viennent d’en partir, conséquence de la victoire de la Marne. Nous ignorons tout, nous ne connaissons pas Joffre qui commande en chef et dont nous n’avons jamais entendu parler.

 

joffre

 

Nous ignorons la griserie sans lendemain qui s’est emparée de la France. Quand nos troupes sont entrées (pour peu de temps) dans Mulhouse, dans notre Alsace, nous ignorons nos reculs, l’invasion de la Belgique par l’Allemagne malgré qu’elle ait signée le traité en  garantissant la neutralité. Nous ignorons que nos forts de l’est que nous venons de quitter ont capitulés. Nous ignorons tout, tout juste si on nous apprend que le premier tué de la guerre est le caporal Peugeot (de la famille Peugeot de l’automobile) tué au cours d’une rencontre d’une patrouille de ulhans.

peugeot jules

 

(Dessus: document du site mémoire des hommes.)

 

Que des centaines de mille allaient le suivre.

 

Episode amusant raconté par les rares habitants qui n’ont pas fui Clermont. Les filles publiques de la maison close n’ont pas voulu recevoir des soldats allemands. Par contre des officiers allemands ont été reçu à souper dans certaines maisons bourgeoise. Est-ce vrai ? je l’ignore.

 

Nous repartons pour la Somme en train surement comme nous avons quitté Toul. Nous somme resté un jour ou deux, ou quelques heures, je ne m’en souviens plus à Amiens. J’en ai visité la superbe cathédrale. De nouveau, je fais partie d’un groupe d’une dizaine d’hommes avec notre adjudant .On se rend dans la région d’Albert ou se déroule des combats. A pieds bien entendu, il doit y avoir 30 km environ. En passant à Albert, nous apercevons la basilique que des obus ont atteint, la vierge qui l’a surmonte est toute de travers.

 

ALBERT2LOG

 

 

P.13  Nous continuons la route après Albert vers Bray sur Sommes. Tout à coup dans un champ de betteraves nous apercevons des formes courbées. Comme nous avons déjà rencontré des chevaux sellés qui courent la campagne, nous ne doutons pas que ce soient des allemands qui se cachent là. Notre groupe se partage en trois. Deux groupes de quatre à 100m l’un de l’autre dans le fossé de la route fusils aux poings prêts à tirer. L’adjudant avec trois hommes révolver en main se dirigent vers l’ennemi pour tenter de les rabattre sur nous. Le cœur battant nous attendons. Quelques instants se passent, nous avons vu la haute silhouette de l’adjudant disparaitre. Soudain il revient vers nous. Les allemands n’étaient que des arracheurs de betteraves qui dédaignaient les obus tout proche et continuaient leurs travaux. Nous avons bien ri. Nous arrivons à Bray sur Somme.

 

bray sur somme

 

Sur la place des blessés sur des brancards. Des femmes leur apportant à boire. Sur une table sommaire un chirurgien coupe la jambe d’un officier allemand. Quatre ou cinq d’entre nous partent en déroulant une ligne à Fontaine les Cappy, village tout proche.

 

fontaine les cappy

 

 

P.14 On s’y bat. Le bureau de poste ou ils devaient s’installer est en feu. La bataille fait rage, les blessés affluent à Bray. Pansé sommairement, ceux qui peuvent marcher sont dirigés sur une péniche stationnée à quelques kilomètres sur le canal de la Somme. On en retrouve évanouie dans les fossés. Les plus gravement atteint sont déposés dans des tombereaux de paysans garnis d’une botte de paille et dirigés sur le même lieu. Ils en meurent en route. Trois jours après la bataille, un blessé arrive, laissé pour mort sur le terrain, il est revenu à lui, et a fait à pied trois ou quatre kilomètres, une balle lui a cassé la mâchoire en deux plaies lui coupant la langue. On  lui met un bandeau autour de la mâchoire. Et à pied il s’en va vers la péniche. Il n’y a pas d’ambulance. Je monte dans le clocher de l’église et j’aperçois un ensemble de la ligne de feu. Un camarade grimpé avec moi me dit : tu te rends compte d’un valdingue, s’ils abattaient le clocher quand nous sommes là ! 

Quelques jours après nous partons au repos à Boves

 

boves

 

 

 

pas très loin d’Amiens. Je loge dans une école religieuse. Je tousse comme un perdu P.15 Car déjà les nuits sont fraîches et nous couchons à peu près dehors. Les religieuses sont très gentilles avec moi. Pourtant je n’ai jamais mis les pieds à la chapelle. Un jour passant près de la classe des petites filles, je les entends qui toutes ensembles récitent une prière. La sœur sort et me dit : je les fais prier pour vous. Je suis très touché et remercie vivement la bonne religieuse.

 

Un général commandant une armée, a son état-major dans une maison bourgeoise du pays. Ne nous envoi-t-on pas pour casser du bois et cirer les parquets ! Nous refusons et pour appuyer notre refus nous demandons par écrit à passer dans les chasseurs à pieds. On nous fiche la paix mais on fait passer une revue d’équipement aux chauffeurs. Les harnais brillent. Tous ces anciens cavaliers s’y connaissent en astiquage. L’un d’eux est un souteneur de Paris. Pour que sa…. femme touche l’allocation militaire, il s’est marié avant son départ. Il la fait venir à Boves pour qu’elle gagne un peu d’argent avec les nombreux officiers du quartier général.Elle est d’ailleurs expulsée quelques jours après.

 

P.16 Enfin un ordre arrive ! Il faut envoyer de suite à Doullens une demi-douzaine de télégraphistes au quartier général du général Foch commandant en chef des armées du nord. Il s’agit d’exploiter le bureau des postes de Doullens d’où employés et civils sont partis. De préférence des postiers. J’en suis. Je n’avais jamais entendu ce nom de Foch. Ce quartier général est très important, c’est lui qui coordonne les actions des armés allant du front de Champagne à la mer du nord. Nombreux, très nombreux officiers. Me voilà au bureau de poste à Doullens, car dans le château occupé par Foch tous les téléphones sont installés. Par morse des télégrammes arrivent pour des civils, avis de mort, demande de nouvelle, naissance etc…Ils restent là puisqu’il n’y a plus de civils. Le standard téléphonique n’est plus relié qu’à quelques localités dont Amiens toutefois je crois. Nombreux appels du quartier général. Quelques jours, deux ou trois pas plus se passent. Une nuit on nous apprend qu’à 6 heures le lendemain matin nous devons tout démonter dans le château et partir avec l’état-major.

 

P.17 On ne nous dit pas ou. Jusqu’à la dernière minute, certains appareils doivent rester brancher. Au dernier moment je les démonte, et nous réussissons à nous jeter littéralement dans la dernière voiture et en route vers l’inconnu. Il fait frais à cette heure, nous sommes en septembre. Peu après un rayon de soleil illumine la route droite bordée d’arbres. Et voici qu’une masse imposante s’avance. Un escadron de cuirassiers, crinières au vent, les casques et les cuirasses brillants au soleil, malgré quelques tâches de rouilles inhabituelles chez ces beaux cavaliers. Le sol tremble sous cette charge pesante. Des villages, d’autres encore..

 

cuirassiers

Les officiers dans l’auto découverte ou nous avons pris place un peu cavalièrement ne nous souffle mot. Enfin nous arrivons dans un gros bourg, après une côte assez longue. Nous nous arrêtons sur la place ou déjà les voitures de l’état-major sont rangées. Aussitôt on me charge ainsi qu’un autre, d’installer une ligne entre le bureau de poste et la mairie ou s’établit le quartier général du Général. Nous apprenons que nous sommes à Cassel.

 

cassel

 La ligne est courte pour accrocher notre fils sur les maisons assez haut pour ne pas gêner. P.18 Nous voici à la mairie laquelle se trouve sur la grande place. C’est un bâtiment très ancien (aujourd’hui musée) avec des murs énormes ou je plie 10 clous avant d’en faire tenir un. Un planton me désigne la salle ou je dois installer l’appareil téléphonique. J’y pénètre seul, le camarade s’employant à consolider la fixation du fils. Une longue salle étroite. Sur presque toute la longueur des tréteaux supportant des panneaux, le tout couvert de cartes d’état-major. Maugréant, tempêtant contre les murs hostiles, je continue à tenter d’enfoncer mes pointes.

 Une voix s’élève. Tout au bout de la salle, examinant des cartes étalées, un général, je n’en avais jamais vu d’aussi près ! Je me fiche au garde à vous !

 -          Que faites-vous mon ami ?

 -          Je vous installe le téléphone mon général.

 -          Ah bien. Avec qui je vais pouvoir communique ? aurais-je le quartier général Belges à Furnes ?

 Je n’en sais rien. Aussi je répondis

 

-          Mon général, je viens d’arriver depuis quelques minutes de Doullens, je ne suis encore au courant de rien. En tout cas s’il le faut nous vous ferrons une ligne. Il suffira de mettre une voiture à notre disposition pour que nous nous procurions le fils nécessaire. Le jour même la liaison sera établie.

 

-          Bien mon ami continuez

 

Et mon marteau recommence à taper sur les clous. De nouveau la voix s’élève :

 

-          Dites mon ami j’ai beaucoup de travail, ne pourriez-vous revenir à midi achever.

 

Ce désir est pour moi un ordre. Je commence à ramasser mes outils. Alors :

 

-          Mais j’y pense mon ami, vous aussi vous mangez à midi, je ne veux pas vous déranger pendant votre repas, achevez votre travail.

 

Je suis parti et revenu après son départ. Il y a bien longtemps de cela mais jamais cette voix douce ne sortira de ma mémoire. Jamais je n’oublierai cette exquise délicatesse surtout dans un pareil moment.

 

P.20 La situation sur le pont nord étant catastrophique, malgré leur héroïsme les belges étaient écrasés, l’armée britannique reculait vers la mer, l’armée allemande fonçait vers Calais.

 

Chaque jour quand j’eus pris le service dans une petite salle contiguë à celle où se tenait le chef d’état-major Foch. Le maréchal French commandant l’armée anglaise venait conférer avec Foch. Bien que maréchal, il se tenait la casquette à la main devant le général français qui lui donnait des directives. On sentait qu’il était dominé par la science de homme, qui dans les pires moments gardait la tête froide. Un commandant belge venait à tout instant pour que les éclusiers hollandais ouvrent certaines vannes pour inonder pour inonder une partie du territoire belge et stopper ainsi l’avance allemande. Il nous parla de Foch. Nous avouâmes l’ignorer, ne pas même connaître ce nom. Il nous dit que c’est un grand général, voyez comme le maréchal French boit

P21 ses paroles.Un jour le maréchal paru plus désespéré encore que d’ordinaire. J’entendais sa conversation avec Foch, il disait ne plus pouvoir tenir. Foch insista et lui promit l’envoi des fusiliers marins de l’amiral Ronarch

ronarch

et d’une partie de la 42ème division, cette 42ème d’où l’on nous avait détachés pour venir ici en attendant que des télégraphistes de 2ème ligne viennent nous remplacer. C’étaient des postiers mobilisés habillés de bleu foncés avec des garnitures bleues et qui exploitaient les centraux téléphoniques des quartiers généraux d’armés, toujours situés un peu en arrière. Nous les appelions les « bleus ».

 

Ils arrivèrent peu après. Dommage nous étions bien. Nous logions chez l’habitant. J’étais quant à moi gâté sous ce rapport, des commerçants en toile et cordage pour navire, une fille charmante. Je devais plaire, on m’écrivit longtemps. Nous mangions au restaurant, très bien nourris. Quand nous étions libres nous montions sur le mont Cassel et contemplions les nombreux moulins à vent qui fonctionnaient encore.

P.22  J’en visitais un ou l’on extrayait le beurre de cacao. Le soir on voyait très bien les phares de la côte anglaise.

 

mont cassel

Parmi les conducteurs des nombreuses autos du quartier général, il y avait Octave Lapize, gagnant de plusieurs tours de France cycliste. Il devait passer peu après dans l’aviation et s’y faire tuer.

 

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 François Faber, luxembourgeois, engagé volontaire, gagnant lui aussi du tour de France, fut tué également dans l’aviation ou il était passé sur sa demande.

 

Faber

Nous repartimes à Boves. Je toussais toujours, et décidais le jour même d’aller voir un médecin major d’infanterie qui stationnait là. Bronchite suspecte, début de pleurésie ! je ne puis vous évacuer maintenant, il y a une priorité pour les blessés.

 

La nuit même nous partions pour Calais, puis la Belgique avec la 42ème division, le renfort promis par Foch. Quelques heures à  Calais sur le port, vue la statue fameuse des bourgeois de Calais,

 

bourgeois de Calais

 

et de nouveau en route à pieds cette fois. Il pleut à torrent.

 

P.23 Nous passons la frontière à la nuit. C’est la première fois que je rentre en pays étranger.Nous avons faim. Un boulanger est ouvert. On nous donne du pain sans rien d’autre, je crois bien. Trempés nous marchons toujours. Nous arrivons dans un village. Il fait nuit, péniblement nous trouvons une grange ou coucher. Elle est déjà pleine de cuirassiers. Leur colonel est roulé dans une couverture sur la paille. Notre lieutenant n’en peut croire ses yeux et cherche un logement et n’en trouve pas. Il parle au colonel, se présente, se sont tous deux des nobles. Ils parlent de leurs ancêtres, des croisades. Pas loin d’eux, je rigole doucement de ces propos en de tels lieux,  en un tel moment. Le lendemain on repart. Le soir nous sommes à Voester. Les rares habitants parlent flamand. Sur le bas-côté de la route, des spahis en burnous blancs maculés de boues se reposent à terre. Les chevaux sont attachés aux arbres. Il pleut toujours. Une boue épaisse recouvre tout. Des civils belges racontent que les leurs ont été torturés par les Allemands, qu’ils ont coupés les mains à des enfants. Est-ce vrai ?

 

P.24    Le soir je couche dans un grenier rempli de pomme de terre. Il y fait froid. Je me couvre avec des sacs humides. Malgré tout je m’endors. Pas longtemps. Il faut monter en ligne, je veux dire vers le lieu des combats, tout de suite. La neige a remplacé la pluie, la nuit est noire malgré la neige. Un sapeur du groupe que nous venons de remplacer nous conduit. Nous sommes cinq. Nous arrivons dans ce qui nous parait à la lueur des éclatements d’obus, une ferme. Le poste téléphonique est installé dans le grenier. Celui-ci est rempli de houblon qui répand une odeur écœurante. L’endroit doit être agréable, car ceux que nous remplaçons partent aussitôt en pleine nuit ! Je leur demande le tracé des lignes, tu les prends dans ta main en partant d’ici elles te conduiront aux tranchées. Et ils s’en vont non sans nous avertir que chaque matin vers 6 heures, 24 obus allemands s’abattaient sur la ferme. Agréable perspective. Après mon tour de garde, je me couche dans une grange dans la cour.

 

P.25 .On y accède par une échelle. En réalité il s’agit d’un vaste grenier à foin. Des sapeurs pontonniers Du 9ème génie de Verdun s’y reposent. Et à 6 h du matin c’est le réveil en fanfare. Un obus éclate dans notre grenier. Il y a des morts près de moi. Je descends et vais pour monter au grenier ou se trouve le poste. Un obus volatilise le toit. Par miracle pas de blessé. Nous nous installons dans la cave. Pour je ne sais plus quelle raison, nous devons l’évacuer. Nous nous transportons sous une grande porte de grange en bois appuyée sur un pan de mur. C’est l’endroit idéal pour soigner les pleurésies ! Nous ne manquons pas de paille, mais pas non plus de courant d’air. Des cochons courent dans la plaine. Des fantassins les tuent à coup de baïonnette en prélèvent quelques côtelettes et viennent allumer un feu de bois contre un des murs de la ferme. Ils les mangent parfois, mais la fumée alerte les boches et leur artillerie nous salue. Tous les jours quelque uns de ces cuisiniers improvisés sont tués. Ils noicissent vite.

 

P.26 Pour ne plus les voir, on les couvre de bottes de paille. Décidemment il y a trop de pertes dans ce bâtiment. On en défend l’accès et le poste de commandement d’infanterie qui est installé 2 à 300 m plus loin dans une petite maison de meunier. Le moulin à vent est en face de l’autre côté de la route. Nous relions ce nouveau poste au notre sous la porte de la grange, car nous, on nous laisse là. Pas pour longtemps, on nous désigne une petite pièce basse à laquelle on accède en descendant deux ou trois marches. Désormais les officiers viennent téléphoner dans notre poste. Nous ne sommes en effet pas riche en appareils, nous n’avons pas de tableau et plusieurs lignes sont reliées sur le même appareil. Tout le monde répond à la fois et chacun entend son voisin. Un des officiers de l’état-major s’appelle de Brème ; lieutenant arrogant, vaniteux. Un jour qu’il téléphonait un obus tombe près de la pièce ou nous sommes. Il se sauve, puis quelques instant après il revient.

 

- Ah mon ami, un obus à trois mètre, je l’ai échappé belle !

 

P. 27 Je ne sais que qu’en a pensé son correspondant, mais nous nous rigolons doucement du froussard. Le plus dangereux ce n’était pas les obus mais les balles. Les mitrailleuses allemandes nous envoyaient jusque-là (à presque un km d’elles) leurs bonbons. Nos lignes étaient fréquemment coupées,  aussi sans cesse étions nous partis en réparation. Le colonel de Bazelaire (plus tard général du corps d’armée), quand il montait en première ligne me demandait si je n’avais pas une ligne coupée pour l’accompagner. Sinon il prenait un planton ou quelqu’un d’autre. Il peut vous sembler bizarre que c’était moi simple sapeur à qui s’adressait cet officier. La raison en est simple. Tous les quatre jours en montant le ravitaillement (viande cuite pour 4 jours immangeable) on relevait les sapeurs. Mais moi je ne sais pas trop pourquoi on me laissait là. J’étais donc plus connu. Et puis le fait que j’avais fait arrêter un espion me valait une certaine considération. J’oubliais de dire que le pays était truffé d’espions.

 

P. 28 De nombreuses maisons éparses dans l’immense plaine des Flandres partaient chaque soir à la nuit des mystérieux signaux lumineux. Jamais nous n’avons pu en attraper les auteurs. Quand nous arrivions, nous trouvions derrière un contrevent percé d’une petite ouverture, un phare dont un dispositif permettait d’obturer ou non le faisceau. Le temps était toujours froid, la neige recouvrait encore la terre. Sur le remblai d’un petit chemin de fer d’intérêt local, des canons de 90 servis par artilleur à chevaux blancs tiraient sans répits leur trois coups à la minute. On eut dit une gravure de siège de Paris en 1870.

 

Mais ma pleurésie ne s’améliorait pas. Rien à manger, rien de chaud surtout. On nous envoyait comme soupe des paquets de légumes secs et nous n’avions ni feu ni eau pour faire cuire. J’avais même tué dans la ferme une trentaine de poules blanches, qui demeuraient là dans une débauche de grains, jamais on ne m’en fit parvenir la moindre cuisse.

 

P. 29 Ce qui devait arriver, arriva. Nous étions partis un camarade et moi sur une ligne coupée. Elle passait à terre, mais près d’une ferme inhabitée, mais souvent bombardée. A 2 ou 300m des premières lignes, c’est là qu’elle était coupée. La réparation exécutée, nous revenions accompagné par les obus car en 1914 les allemands tiraient au canon, même sur des isolés. Soudain tout se voila. Mes jambes refusèrent tous services. Je m’écroulais. Mon camarade affolé croyait que j’avais été touché par un éclat. Je le renvoyais. Va-t’en ! Il est inutile que tu restes là, à risquer d’être tué. Moi je ne peux plus. A force d’insistance, il partit. Je restai seul. Après un moment, ça passe un peu, et je repris ma route. A ce moment, mon camarade accompagné d’un autre me rejoignit. Nous revîmes ensemble. Le colonel vint me voir, me fit apporter un bifteck et une purée, le tout bien chaud. Il me fit reconduire à l’arrivée de mon détachement. Un médecin vint me visiter. Epuisement physique et pleurésie. Un petit train m’emmena à Furnes

 

evacuation evacuation2

Dessus: sur cette simple feuille volante, demande d évacuation de M Souvestre Alfred.

 

 

furnes

 

je crois, puis je parti par je ne sais plus quel moyen pour Dunkerque. On m’hospitalisa quelques jours dans la caserne du 110ème d’infanterie. Puis un matin on me conduisit au port ou j’embarquais sur le cuirassier école Duguay-Trouin transformé en navire hôpital.

cuirassier école Duguay-Trouin

Le soir nous partîmes. Une tempête dans le Pas de Calais nous secoua durement, endommageant une machine. Soudain les lampes qui …….. S’éteignirent. Je m’adressait dans la nuit à un matelots me sembla-t-il qui était sur le pont près de moi.

 

- que se passe-t-il ?

 - un sous-marin allemand est signalé

 - mais nous sommes navire hôpital, donc on ne peut pas nous torpiller

 - « ils « en ont coulé un hier !

 

P.31 La lueur d’un phare de la côte anglaise me fit voir que je parlais au commandant du bateau. Je dormis dans un hamac et le matin après l’ingestion du café, j’y allais de mon mal de mer. Il faisait mauvais dans la cale ou nous étions couchés et il manquait d’air. Je montais sur le pont et nous abordâmes Cherbourg et sa belle rade sous un merveilleux soleil.

 

cherbourg rade

 

 

On était pourtant les tous derniers jours de novembre. Nous primes le train, il s’arrêta de nuit à Dol de Bretagne. On me conduisit dans un hôpital installé dans une école et où j’allais demeurer plusieurs mois.

 

ecole dol

 

(peut etre cette école de Dol...)

 

dol de bretagne2

Dessus: photo annotée, Hopital temporaire, Dol de Bretagne 1915, soldats Belges et fusilliers marins évacués de la bataille de l'Yser. 

 

souvestre

dol de bretagne3

 

Dessus: photo annotée, hopital temporaire, Dol de Bretagne 1915 

dol de bretagne1

 

Je tiens à rappeler la touchante sollicitude des bretons pour les soldats. Le dévouement merveilleux et bénévole des femmes de toutes conditions qui nous soignaient et nous apportaient œufs frais, gâteries en tout genre. Une femme qui allait chaque semaine au marché de Dinar m’apportait ce jour-là des biftecks de cheval qu’on ne trouvait pas à Dol.

 

dol de bretagne2                                vauquois

 

 

Dessus: photo annotée,Dol de Bretagne à l hopital 1915 Alfred Souvestre et Picard artilleur (dans le civil graveur sur médailles)

P.32 Et c’était pour la plupart des petites gens qui se serait trouvés offensés si quelqu’un avait parlé de les dédommager. Quand nous sortions j’étais souvent avec un graveur sur médaille de Paris, malade ou blessé, je ne sais plus. On nous appelait des fermes pour nous offrir à manger et à boire et aussi pour nous demander si on n’avait pas vu le régiment du fils ou du mari. Pauvres gens nous mentions parfois pour leur faire plaisir. Hélas le maire avait souvent dans cette Bretagne généreuse à venir informer du décès du gars. 300 000 milles bretons sont morts pour la France. C’est la province la plus touchée par la guerre de tout le pays. 6 mois d’hopital proposé pour la réforme et le séjour en sana. On ne voulut pas à St Malo m’accorder de convalescence. Vous serez réformé en arrivant au corps. Les quelques jours que j’obtins, je ne pus les passer près de ma mère au Mans. La ville était consignée pour épidémie.

 

P.33. Je passais 8 jours à Lorient chez ma tante. Puis je pris le train pour mon dépôt qui de Rueil et du mont Valérien était transféré à Angoulême. Je suis restée 18 mois sans revoir maman.

 

Arrivé à mon corps, le docteur lieutenant après un nouvel examen me propose immédiatement pour la réforme. Il était dans la vie civile, docteur à Paris. Mais au-dessus de lui par l’ancienneté était un lieutenant major marié à une grosse fermière de Bretagne. Il n’avait jamais exercé, il n’avait pas le titre de docteur mais celui supprimé maintenant  « ‘d’officier de santé » d’une classe au-dessous. Bien que tous deux réservistes ce dernier était fort jaloux de l’autre et systématiquement annulait toutes ses décisions. Il trouva que j’avais rien et refusa mon passage pour le conseil de réforme et mon envoi en sana. Plus humain, l’autre docteur me garda le plus longtemps qu’il put à l’infirmerie avec permission de sortir. Je m’y retapais un peu, quand vint l’heure où le docteur ne put, plus me garder, je retournais au dépôt ou après quelques temps de séjour, je repartis (janvier 1916) pour le front.

 

P.34 Cette inimitié entre deux docteurs devait me valoir tout au long de ma vie de trainer les séquelles d’une pleurésie mal soignée dont pour me remettre j’allais passer 3 années de séjour au front.

 

Donc en janvier 1916, je quittais le dépôt de la couronne (Charente) situé à 8 ou 10 km d’Angoulême.

 

la couronne

 

Je n’étais pas seul évidemment. Nous fûmes dirigés vers une compagnie télégraphiste d’armée qui se chargea de notre répartition. Nous allions boucher des vides. Je fus affecté à la 9ème division d’infanterie dont l’état-major se trouvait à Clermont en Argonne.

clermont en argonne

 

clermont en argonne

 

Dessus: Clermont en Argonne 1916. 

La ville dominée par la colline St Anne, était assez abimée. A l’abris de cette butte, et derrière elle, dans un baraquement se tenait l’état-major de la division. Un poste de repli était aménagé dans le flanc de la colline opposé aux tirs de l’ennemi. Le général s’appelait du nom un peu comique de d’Arlabosse. Son chef d’état-major le commandant Blin était un officier d’une simplicité rustique. P.35 Uniforme de soldat, gros godillots de troupier. Comme l’on me mit tout de suite au service de l’état-major, je le voyais constamment, lui portant au fur et à mesure de leur réception les télégrammes. Ils s‘intéressa à moi, s’informa si je venais au front pour la première fois. Quand il sut tout ce qui m’était arrivé au point de vue santé, il tint à voir ce que j’avais comme sous-vêtements, couvertures. Il me fit obtenir un supplément de ces choses et me témoigna toujours une extrême confiance et une grande bienveillance.

Cependant l’offensive sur Verdun allait ou était déclenchée.

 

verdun

médaille verdun

 

Le bombardement des routes et des voies ferrées s’accentuaient. Par des prisonniers pense-t-on, le siège de l’état-major fut connu des allemands. Obligé de tirer par-dessus la butte pour nous atteindre, leurs coups étaient trop longs. Ils atteignirent le cimetière. Puis il y eu quelques tués. Les coups s’apaisèrent. Une partie du baraquement s’affaissa. Les obus l’encadraient. J’écrivis une dernière lettre à maman. Sans bien entendu lui dire ma situation. Puis la cadence des coups s’accentua. Le chef d’état-major dissuada le chef de rester plus longtemps et l’engagea à gagner le poste de commandement souterrain.

 

P.36 les secrétaires d’état-major ne tardèrent pas. Ils s’en furent avec leur machine à écrire en toute hâte. Le commandant Blin vint me trouver.

 

- Souvestre assurez toutes les liaisons avec le nouveau poste, emportez vos appareils, et vos archives et rejoignez-nous.

 

Je fis les bouclages nécessaires, ce qui me prit un peu de temps. J’étais seul dans le baraquement secoué par les explosions. Puis je parti emportant seulement une partie de mon chargement. Les obus arrachaient des mottes de terre. Mon képi en était plein, je n’avais pas de casque. Nous ne les avions pas encore. Arrivé au poste les secrétaires d’état-major me guettaient. Ils avaient dans leur hâte oublié le dossier secret de la division, et n’osaient pas retourner le chercher. Je leur rapportais dans mon dernier voyage. Je fus proposé pour une citation que mon lieutenant jaloux oublia. Ce fut longtemps après que cet incident revenant en la mémoire prodigieuse du commandant, celui-ci exigea que cette citation me fut accordé.

 Dans le poste souterrain situé dans la butte St Anne opéraient déjà des téléphonistes qui je pense y restaient constamment.

  

P.37 En conséquence, je fus envoyé dans un poste dans la forêt d’Argonne. C’était un poste de commandement de brigade. Les premières lignes devaient être à un kilomètre environ. A part un carrefour 200m en avant nous étions tranquilles. Toutes les nuits nous étions secoués dans nos abris souterrains par les explosions de mines qui donnaient lieu à de farouches combats pour la possession de l’entonnoir et causaient des pertes sévères. Nous allions souvent en première  ligne. Nous profitions des accalmies surtout dans les tirs d’engins de tranché allemand : des Minenwerfers.

 

Minenwerfer

 

 

Un jour nous sommes allés voir des camarades de l’infanterie dans un petit poste (entre les lignes françaises et allemandes). Ils s’appelaient « les enfants perdus ». Le lendemain dans la nuit, s’étant endormis, ils furent tous prisonniers, sauf le caporal qui put se sauver.

 

Le 14 juillet 1916, il pleuvait, et faisait très froid en Argonne. Au carrefour ou se tenait une maison forestière, il y avait un cimetière de l’autre côté de la route. On apportait les tués. Ils étaient enroulés dans une toile de tente et dans du grillage. En effet ce carrefour était battu constamment par l’artillerie ennemie et les cadavres étaient fréquemment exhumés par les obus. Le grillage empêchait un peu la dispersion des corps.

 

P.38 Quelques mois après nous fumes relevés et envoyés au repos à Rober d’Espagne non loin de St Dizier.  C’était le prologue à Verdun. Notre lieutenant fut envoyé remplacer celui du détachement télégraphique de la 133èmedivision d’infanterie qui venait d’être évacuée. La 133ème étant alors engagée à Fleury devant Douaumont.

 

fleury devant douaumont

 

Ayant plus confiance en ses sapeurs qu’en ceux qu’ils ne connaissaient pas, il nous téléphona l’ordre de monter immédiatement. Le général le sut et s’y opposa disant que lorsque sa division serait elle aussi engagée, ses sapeurs seraient épuisés, blessés ou tués. Le lieutenant se tint pas pour battu. Il fit une liste parmi ses meilleurs éléments (j’en étais) et ordonna leur montée. Alors que nous passions devant le bureau de la division, tous les dix équipés en tenues de tranchées, le chef d’état-major nous vit, vint s’informer, et nous renvoya carrément et simplement à notre cantonnement. Quelques jours après, pour de bon cette fois avec toute la division, les camions nous prenaient et nous filions vers Verdun.

 

P.39 Sans arrêt des files interminables montaient les troupes vers le front ! Dans les fossés des camions atteins par l’artillerie Allemande et jetés là pour dégager la route. Cette route qu’on appela « la voie sacrée »  était  parcourue nuit et jour par les convois. Hommes, munitions, vivres,  dans l’autre sens blessés, prisonniers. Le salut de Verdun dépendit pour une large partie d’elle. Sans cesse des hommes, des territoriaux en bouchaient les trous et raccommodaient les roulements et les bas cotés ; jours et nuits des mois. Nous descendions des camions à Dugny. Aussitôt des noms furent énoncés. J’en étais au faubourg pavé de Verdun. On nous donna des vivres pour 4 jours. Nous avions en outre sur le dos notre matériel téléphonique. Il faisait nuit, pas assez pour qu’on ne voit pas déjà les ruines surtout pour que l’on ne voit pas la gigantesque barrière de feu que nous allions devoir franchir parmi le roulement effrayant du bombardement.

 

P.40 Nous arrivons aux casernes Marceau en ruine. Des escaliers s’ouvrent dans le sol conduisant à des abris profonds ou sont logés les officiers de l’état-major. Notre lieutenant appel un par un les gradés. Pas les hommes, il a peur des poux. J’apprends que je vais à la batterie ouest de Souville avec le Caporal Louvel. Alors que je ne m’attendais à rien, le lieutenant me fait appeler. : Souvestre, je vous envoie avec Louvel,  c’est sur vous que je compte.

 

Louvel était un petit homme d’une prodigieuse érudition. Je l’appelai l’encyclopédie baladeuse mais débile et froussard à l’excès. Un bon garçon, il ne se fit pas d’illusion. Il me dit c’est toi qui commande. Tu te rends compte dans quel état je vais être : proprement bon à rien.

 

On nous donne comme guide des chasseurs d’Afrique. C’était la troisième équipe porter un ordre (sursoir 2 jours à l’attaque je crois). Les deux précédentes avaient été tuées. Les ordres importants ne sont pas donnés par téléphone. Un écrit est nécessaire pour le responsable. Et puis nous marchions avec terre ce qui facilitait la captation des communications.

 

P.41 Dans un paysage d’apocalypse nous partons. Nous éclairés par les éclatements incessants, avant, arrière, sur les côtés. Des fusées éclairantes montent vers le ciel. Des tronçons d’arbres sont projetés en l’air par les éclatements. Nous trébuchons dans les trous, les fils téléphoniques, les débris de toutes sortes, des cadavres aussi. La boue nous monte en haut des cuisses. L’enfer redouble. Les chasseurs décident de rebrousser chemin et d’emprunter les boyaux ou ce qu’il en reste. Il y a un peu plus de boue, un peu plus de fils. Des arbres sont couchés et nous obligent à ramper dessous. Et toujours le même mot d’ordre ….aux différentes équipes qui nous suivent : Par ici la 9ième. Enfin on sous signale que nous avons à passer le pire. Qu’est-ce que ça va être, qu’aucun arrêt n’est possible quoiqu’il arrive : carrefour de la Fourche : on fait passer la consigne. Moi je colle aux chasseurs, et nous passons. Je me demande ce que nous pourrions trouver de pire en enfer. Peu après nous arrivons au fort de Souville, ou à ce qu’il en reste. Nous pénétrons dans la tourelle.

 

fort de souville

 (dessus: Fort de Souville) 

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souville

P.42 Malgré la nuit, nous jugeons tout de suite l’aggravement de la situation. Sous la voute jusqu’au plafond, ce sont des piles de boules de pain, pleines de boue, tachées de sang, entamés par les petits ânes qui les ont montés sur leur dos en chapelets. Et par terre, adossé sur ce mur « comestible », des blessés, des agonisants, des morts.

 

fort de souville3

 Dessus: photo annotée, 10bre 1916 Tourelles de Souville 

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Nous trouvons le poste téléphonique, et on nous renseigne sur celui où nous devons aller. Une haie de fils téléphoniques y conduit. En effet, il est impossible de réparer les fils hachés, on les reconstruit. On part à deux et une bobine montée sur dévidoir à chaque main. On déroule 4 fils .avec une terre ça fait 4 lignes. Elles sont souvent coupées quand nous arrivons au poste de Souville. On en déroule 4 en revenant. Et c’est jour et nuit comme cela. Voilà pourquoi il y a une véritable haie de fils. Inutile de changer de place. Chaque m2 est pilonné sans arrêt. Il est vraiment extraordinaire qu’il y ait encore des vivants dans cet enfer. Nous arrivons vers minuit à cette batterie de l’ouest, qui nous avait été assignée comme poste. C’est un débris de voute dont les extrémités sont obstruées : totalement par des sacs à terre, devant par ces mêmes sacs mais avec une chicane pour entrer.

 

Fort de Souville     grenade citron fougue                         

 Dessus: photo annotée: Fort de Souville, boyau de l'observatoire de l'Est. 10bre 1916.Où un obus m'a enseveli jusqu'au ventre. 

P 43. Une cheminée par le haut de laquelle on parvient par des gradins de fer scellés dans la paroi affleure l’extérieur de la voute. Elle est surmontée d’une toile ou d’une planche (je ne sais plus) qui surélevée permet la visibilité sur les côtés. Devant c’est le ravin de Fleury, à droite Douaumont

 

FORT DE DOUAUMONT

 

(Dessus: le Fort de Douaumont.)

et Vaux  (forts)

 

fort de vaux

 

à gauche vers les ouvrages de Froideterre et des 4 cheminées.

 

4 cheminées

 (Dessus: les 4 cheminées)

 D’autres vues, d’autres ouvrages sont encore visibles mais j’en ai perdu le nom. Malgré l’heure de notre arrivée, les téléphonistes de le 133ème P.I que nous relevons, n’attendent pas, ils partent immédiatement vers l’arrière. Y parviendrons-t-il ? Détail consolant, ils nous avisent que sous les sacs à terre de la voute, les équipes de téléphonistes gisent. Quand vint le jour, nous voyons l’étendue de la désolation. Des cratères géant se chevauchant, des morts, des débris de morts, des canons, des débris de canons, des chevaux, des morceaux de chevaux, et tout cela fumant, explosant, se soulevant, se dissociant plus encore sous le choc continue des obus. Et tout cela dominé par hurlement sinistre de la bataille, par le concert fou de tous ces éclatements, de toutes ces explosions, de ces rugissements effrayant de gros calibres qui tous projettent vers le ciel en éruption gigantesque, cette terre dévastée, labourée, creusée faite d’un magma innommable de chair humaine, de chevaux, d’acier, de sang.

 

P.44   est-ce qu’on a peur encore ? Peur de quoi ? De qui ? De quel obus ? De quelle explosion ? Sans cesse le sol tremble et y jaillissent de nouveaux cratères. Et dans tous cela nous déroulons nos fils, maintenant malgré tout la liaison sans cesse à assurer. Un officier, un lieutenant est avec nous comme observateur, mais dans la cheminée un seul homme peut s’y tenir. Et comme nous devons assurer la lecture des liaisons optiques de Fleury ou d’ailleurs vers l’avant, que l’officier ne connait pas l’alphabet morse, nous faisons son travail et le nôtre. Avec un plan au 10/1000 des tranchées adversaires et de bonnes jumelles, nous signalons à l’artillerie tout ce que nous voyons. Par exemple : des travailleurs allemands remuent de la terre à l’intersection du boyau …..Et de la tranchée du vélodrome. 30 secondes après, hommes, pelles et pioches volent en miettes sous le tir de nos pièces. Même effet pour les rassemblements d’hommes, enfin pour tous les mouvements que nous repérons.

 

P.45 Le jour de l’offensive approche (reprise du fort de Douaumont)

 

fort de doaumont2log

 

Dessus: Tourelle du Fort de Douaumont. 

douaumont 1916

 

Dessus: Douaumont 1916.

Un lieutenant-colonel de l’état-major de l’armée vient nous demander l’hospitalité dans notre abris. Très poli très courtois. Il n’en ai pas de même d’un sous-lieutenant qui veut nous commander alors que nous n’avons rien à voir avec lui. Courtoisement mais fermement, le colonel le remet à sa place en lui soulignant que nous étions leur hôte et non leurs domestiques. Cependant nous mangions tous ensembles, et nous allions dans un dépôt situé dans un ravin chercher singe (bœuf en conserve), sardines, sucre, chocolat, gnôle, eau. Les officiers pouvaient avoir du lait condensé et de l’alcool solidifié. Nous leur en faisions faire des bons pour en obtenir et pour grossir les quantités. Nous ne pouvions y aller que de nuit. Ce fut toujours Gautier et moi qui fîmes ces corvées parmi les 3 ou 4 sapeurs qui étaient avec nous. Il n’y avait guère de volontaires. En plus du danger du tir ennemi,  il y avait celui plus grand encore de l’enlisement. Les trous profonds de plusieurs mètres étaient remplis de boue. Des caissons, des chevaux disparurent en entier et comme tous ces déplacements s’effectuaient de nuit, on passait au petit bonheur, car il n’y avait ni routes, ni pistes visibles. Gautier était un ancien de l’infanterie, passé au génie, son père était directeur de la chocolaterie Poulain. Il avait fait le planteur et le commerce du caoutchouc en Afrique, puis ruiné par les Anglais tous puissants bien qu’en colonie française, il avait faits le chasseur d’ivoire. Il n’avait pas froid aux yeux. Je ne sais si ce fut à notre dernière nuit, nous revenions chargés de vins et d’eau, un barrage se déclencha, nous ne pouvions avancer ni reculer. La nuit étant éclairés par les explosions et les fusées, nous étions couverts par la boue qui retombait, des vestiges de toutes sortes étaient projetés au loin. Nous étions fous, comme cela ne cessait pas, nous entreprîmes d’avancer. Nous ne savions pas ou nous étions. Le paysage qu’éclairaient les fusées changeait sans cesse. Après des heures, harassées, nous butâmes sur une haie de fils. Nous la suivîmes, nous étions sauvés. Jamais me dit Gautier, je n’ai vécu une telle nuit. Jamais je ne l’oublierai.

 

Malgré ma santé déficiente, j’étais très gai. Un jour en haut de ma cheminée, j’observais.

 

P.47  Un obus éclata tout près me projetant de la terre plein la figure et m’enlevant mon casque qui dégringola en bas. Tous accoururent me croyant tué. Alors je me mis à chanter, plutôt à hurler. Ils avaient tous craint pour moi. Le pauvre petit caporal Louvel restait inerte dans un coin. S’efforçant de se faire oublier. Le lieutenant téléphonait quelques fois et me demandait. Pour assurer la liaison avec Fleury souvent coupée, on nous envoya un klaxon fonctionnant avec…avec lequel nous devions emmètre des signaux en morses. Le lieutenant qui ne venait jamais en ligne (je veux dire à l’avant) m’en annonça l’envoie. Je lui demandais s’il ne s’agissait pas d’une farce. Il le prit de haut, prétendant que cela s’entendait à plusieurs kilomètres. Je lui répondais : certainement pas ici. Inutile de dire que cette belle invention ne put être utilisée. Dans un concert de si grandes voies jamais interrompues, que pouvait faire ce chétif klaxon.

 

fleury devant doaumont 1916

 

Dessus: photo annotée, Fleury devant Douaumont 10bre 1916.

A Fleury, il ne subsistait du village qu’un tronc d’arbre formant un Y. Maisons, églises, tout était rasé. Des sapeurs de notre détachement occupaient un poste.

 

fleury

 

 (Dessus: le village de Fleury détruit.)

P.48 Enfin vint le jour de l’attaque. Un brouillard épais cachait le paysage. Des vagues d’infanterie, parmi lesquels des noirs, maintenus malgré la saison pour l’attaque, progressaient. Douaumont fut enlevé sans trop de résistance. La présence des noirs effrayant les Allemands. Nous n’avions pas bougé. Le colonel en apprenant la prise du fort répéta une fois de plus sa locution : Qu’elle sinistre aventure. A quoi je lui rétorquais : Oui mais c’est pour les allemands cette fois. Et le midi je prenais un repas de gala. Sur une page de carnet, je fis des menus et chacun des officiers me dit : je le conserverai toujours :

  

Souville 1916

 

Sardines grillées à la Douaumont

 

Boulettes de bœuf à la Fleury

 

Crème au chocolat du ravin de la mort

 

Punch à la Souville

 

  

P.49  Quelques jours après, je suis relevé 8 jours. Je remonte ensuite, mais cette fois à la batterie de l’Est. Plus près de Vaux. Là pas de voute, rien qu’un abri dont nous n’occupons qu’une partie. Des marches sur laquelle ruisselle la pluie. Quant à l’observatoire, c’est l’extrémité un boyau qu’on a couvert d’une légère carapace de fonte percée de trous meurtriés.

 

Dès la première nuit, j’y suis enseveli jusqu’à la ceinture par un obus. Un chasseur à pied qui se tenait près de moi à disparu. J’arrive à me dégager seul, à moitié asphyxié par les gaz de l’obus. Le bombardement en ce lieu est continuel. C’est le point de passage de toutes les relèves, allant ou revenant de Douaumont ou de Vaux. Beaucoup de tués. Le lieutenant m’ordonne de transmettre un message optique vers Vaux, donc de l’arrière vers l’avant. Ce qui ne se fait pas en tant de guerre. L’ennemi observe les signaux lancés dans sa direction. Téléphoniquement, je préviens le copain de Vaux que je vais émettre, qu’il en profite pour orienter son projecteur. J’ai à peine commencé que les Allemands répondaient. Des chasseurs à pied qui stationnaient à l’abri

P.50 de la crête de Souville en attendant la nuit pour descendre sur Vaux sont tués. Leur officier qui s’aperçoit du motif de cette tuerie, me menace de son révolver si je ne cesse pas mon émission. Pensez-vous que ce soit pour mon plaisir ? N’est-ce pas moi qui suis visé ? Téléphonez au Commandant Blin chef d’état-major et dites-lui que j’exécute un ordre de M "Marecau", "Mareau" ?….(notre lieutenant). Inutile d’ajouter que l’on me fit arrêter aussitôt. Pendant le temps où je fus là, j’eu la chance de faire détruire la demi-batterie Allemande de 88 Autrichiens qui nous causait tant de perte. Elle avait repris son tir. Et j’observais les lignes Allemandes à la jumelle, quand je vis partir d’un boqueteau les trois coups de départ de la demi-batterie. Aussitôt les obus nous arrivèrent dessus. Car le tir des pièces Autrichiennes est très tendu : elles faisaient zim-boum. Sur mon plan le boqueteau. J’alerte l’artillerie. On m’envoie un lieutenant. Je lui indique l’emplacement. Il commande des 155 Français. Par téléphone, il donne ses ordres. Quelques coups trop longs, puis en

P.51.plein dedans. Une véritable destruction. Quel dommage que je ne les ait pas tués plus tôt, ces maudites pièces. Que de vies eussent été épargnées. Il y avait souvent des attaques, et les lignes étaient souvent coupées. Quand l’infanterie du ravin demandait du soutien d’artillerie ou allongement de tir, on remplaçait le téléphone par des fusées dont chaque couleur avait sa signification. Les batteries en position derrière la crête de Souville, voyaient ces fusées et déclenchait leur ouragan. Le pire c’est que les Boches répondaient à mon envoi de fusées par d’autres envois moins inoffensifs ! Enfin tout cela s’achève, et la 9ème DI après 52 jours, fut relevée du front de Verdun. Nos pertes atteignaient 80%. Quand descendant des lignes, le chef d’EM, le commandant Blin nous vit passer aux casernes Marceaux boueux, sales… ne put s’empêcher de dire : Ah mes pauvres enfants !

 

J’obtins une citation à l’ordre du jour pour ce séjour inoubliable.

 

bleuhorizon

 

 

P .52 Avant de clore le chapitre : Verdun, il faut que je relate un fait qui s’y rapporte et qui ébranla sérieusement ma conception du patriotisme. Certes celui de nos grands chefs était inattaquable. Beaucoup ont sacrifié pour la France, leur propre enfant quand eux-mêmes ne payèrent pas de leur vie ou de mutilations. Mais derrière eux que d’intérêts mercantiles. Fournisseurs de guerre, politiciens intéressés dans les ventes à l’armée etc… D’autres requins plus gros encore.

 

Alors que j’étais dans l’observatoire de la batterie de l’Est, avec l’officier d’artillerie qui était venu détruire la batterie 88, je lui signalais des lueurs inconnues pour moi. C’était au loin un éclairement rougeâtre du ciel, des lueurs qui se déplaçaient, des fumées. J’attribuais cela à des éclatements lointains de nos obus à longue portés. L’officier me dit : En face nous c’est Etain,

 

ETAIN

 

Dessus: Le villaged'Etain. 

c’est le bassin de Briey. Les lueurs se sont les coulées qui se déplacent. Ce sont des locaux qui traînent des wagons de minerais.

P.53 C’est là qu’est coulé l’acier des obus que nous recevons.

  

-           A quelle distance se trouve ces usines, ces hauts fourneaux ?

 

-          15 à 20 km environ

 

-          Pourquoi alors ne tire-t’ont pas dessus ?

 

-          Interdit c’est une usine appartenant aux comités des forges. Donc sacrée !!!

 

Un aviateur paya de sa disgrâce sa folie : De lui-même il avait déversé ses bombes sur l’usine (Brindejonc des Moulinais).

Brindejonc des Moulinais

 

Dessus: fiche du site mémoire des hommes

Le 30 mai 1916, le lieutenant Marcel Brindejonc des Moulinais rejoignit comme pilote l'escadrille 23 du capitaine Robert de Beauchamp. Il y effectua des missions de chasse, mais surtout des « missions spéciales ». Sa santé restait néanmoins mauvaise. Peu après son retour, au crépuscule du 30 juillet 1916, Maxime Lenoir et lui abattirent un Fokker E à Souilly-Étain. Le matin du 1er août, il abattit un appareil ennemi « ridiculement surpris » et « tiré à bout portant ».

 Volant haut, son avion camouflé fut abattu par erreur par deux Nieuport français dans l'après-midi du 18 août 1916 à Vadelaincourt, près de Verdun (Meuse). Le lieutenant Marcel Brindejonc des Moulinais, célibataire âgé de vingt-quatre ans, fut d'abord inhumé à Souilly (Meuse), puis le 6 juillet 1922 au cimetière de Pleurtuit. Il fut cité à l'ordre de l'armée à titre posthume : « Officier aussi brave que modeste, incarnant en lui toutes les qualités qui font le héros simple et accompli. » Il avait déjà été cité à l'ordre de l'armée le 27 août 1914 et le 25 septembre 1914.

 Le capitaine de Beauchamp, qui fut tué le 10 novembre 1916, lui rendit ainsi hommage : « Brindejonc, c'est l'homme au panache, c'est le symbole léger, vivant, c'est la beauté, l'honneur qui passe très haut, au-dessus de la vie. » (source wikipédia)

 

Et voilà les vrais dessous de la guerre. Entendre cela dans cet enfer, dans ce charnier, n’est-ce pas effrayant, et bien propre à vous saper le moral.

 

P.54 Pour permettre aux unités de se reformer, nous partîmes pour un petit pays de la Marne à Jonchery sur vesle si je ne m’abuse.

 

JONCHERY

 

Dessus: Jonchery sur Vesle. 

Les différents régiments étaient éparpillés dans la région. Puis nous fumes transféré à Roucy, petit village de l’Aisne.

 

ROUCY

 

Dessus: Le village de Roucy 

Les régiments sans être engagés participaient à des travaux en première et seconde ligne en vue d’une prochaine attaque. Nous partîmes avec l’Etat-major de la division à Châlon le Vergeur. Je n’en connais qu’une seule maison assez vaste avec un parc. C’est là que se tenait l’Etat-major. L’hiver s’annonçait rigoureux. Tout était gelé, on nous servait le vin par morceau, le pain était dur comme la pierre et par-dessus tout nous étions sévèrement rationnés. Une vrai disette. L’hiver 1916-1917 est resté un terrible souvenir pour les poilus de la grande guerre. Que de pieds, de doigts gelés. Il fallait amputer. Nous couchions dans une baraque de plancher. Le matin nos yeux étaient collés. Nos moustaches pleines de glace. Une cascade ou nous nous lavions, fut prise à son tour. Il fallait faire fondre de la glace pour se laver en plein air. Le matin à 6 heures nous partions en voiture à chevaux jusqu’à Cormicy. Là nous prenions les boyaux pour monter en ligne.( près de B…..)

 

CORMICY

P. 55 Les fantassins creusaient pour nous une petite tranchée au fond du boyau allant vers l’avant et nous y déroulions des fils, câble de campagne paraffiné. Ils le rebouchaient ensuite. Nous allions mendier de la soupe à une cuisine d’infanterie, installée sous terre, car nous n’avions rien de chaud à manger et du vin en morceaux ! le cuisine faisait bien un peu de fumée, mais il faisait si froid, que les allemands en face en faisaient autant et nous laissaient tranquille. Nous essuyions plutôt des coups de mitrailleuses, car nous ne pouvions dérouler nos bobines dans les boyaux. Nous étions donc fort visibles puisque les allemands étaient à 300 -400 mètres environ de l’autre côté de la route 44 et de l’Aisne. De plus nous avions des bobines en tôle (50cm de diamètre environ) assez lourdes et percées par un trou carré. Quand nous introduisions une barre de fer à l’intérieure et que nous déroulions en avançant cela faisait un tac tac semblable à une mitrailleuse. C’était avec une vrai qu’on nous répondait d’en face. Lors d’une instruction à la 5ème armée, j’ai demandé qu’on arrondisse ces trous.

 

P.56 Comme la majorité des assistants appartenait à des unités de l’arrière ce fut un fou rire. Avec un camarade de la division je fis la démonstration, et les rieurs se turent. Je n’ai jamais vu de bobine ayant un trou rond !

 

Je ne devais pas achever ces travaux. L’infanterie de la division partit pour faire des répétitions d’attaque à Fleury la rivière, et aux environs (Marne). Quelques télégraphistes dont j’étais partir avec. Nous trouvâmes à louer une chambre avec mon camarade André Larradin

 

FLEURY LA RIVIERE

 

Dessus: Le village de Fleury la rivière.

 

(c’est lui qui payait) et nous étions à peu près pour dormir. J’en avais besoin car à nouveau je toussais. Un docteur d’un régiment de chasseurs à pieds m’examina et m’envoya à son infirmerie. C’était sous les toits dans un grenier. Il n’y avait ni paille, ni feu, ni remèdes d’ailleurs. Je me suis sauvé. La dame ou nous logions était très aimable. La chambre était bien, trop bien. Un beau jour, un capitaine de chasseur à pied arrive avec un billet de logement pour cette chambre. Nous voyant, il voulut s’en aller. Mais si s’était pas lui, un autre nous aurais délogé, car nous nous n’avions droit qu’à la paille dans une grange.

 

P.57 Ce capitaine, c’était Berthier, prince de Wagram, petit-fils du maréchal Berthier de l’empire. Il était adoré de ses hommes. Il fut tué à la côte 108 près de Berry au Bac lors d’une attaque. 

 

Nous fîmes quelques exercices de nuit toujours avec cette température très basse. La Marne était gelée. Puis en avril nous repartîmes et rejoignîmes notre détachement. La division attaquait entre Craonne

 

Craonne

 

Dessus: Le plateau de Craonne. 

et Berry au Bac

berry au bac

 

Dessus: Berry au Bac 

en direction d’Amifontaine. Tout était pris. On devait percer le front allemand. Nos voitures étaient prêtes à suivre l’avance. le lieutenant nous avait fait parvenir à tous les chefs de poste(j'en était un – sous gradé) un ordre du jour d’avoir à assurer des liaisons à tout prix sans tenir compte des pertes. Il avait fait seller sont cheval. Quant à moi je montais en ligne juste avant l’attaque prévue pour l’heure H (6 heures du matin) L’officier qui conduisait les chasseurs s’était égaré dans la nuit son bataillon le suivant, et à l’heure de l’attaque ils n’étaient  pas encore arrivés. Tous avaient été pris sous le tir du barrage allemand. En suivant le boyau, on marchait sur le corps des chasseurs.

P.58 il y eu des avances restreintes de ci de là, mais rien de sérieux sauf nos pertes.

L’attaque devait reprendre l’après-midi. Comme j’étais à court de fils, je parti avec un autre chef de poste à Gernicourt au bord de l’Aisne pour me ravitailler. L’allé se passa à peu près. Mais au retour un violent barrage sur l’Aisne en rendait périlleuse la traversée. A Gernicourt 

 

des fusants éclataient sans cesse au-dessus de nous. Nous nous abritâmes un instant derrière un pan de mur. Des rats étaient en train de manger des joues de deux cadavres français. Le rictus de leurs dents blanches sur cette chair sanguinolente était effrayant. Nous fîmes 100 mètres un chapelet de bobine autour du cou ne facilitant pas notre marche. Le barrage sur l’Aisne toute proche était terrible. Derrière une allée de sac de terre nous respirâmes un instant. Survint un officier, qui révolver au poing, nous somma de déguerpir. Dommage que ce fut l’entrée d’un abri d’Etat-major ! Il aurait passé un vilain quart d’heure ! il avait peur des poux et dit que nous étions fait pour nous faire tuer. Je l’avais reconnu il s’agissait du fameux lieutenant de Bremi passé capitaine. Ce froussard inné que j’avais pu apprécier en 1914 en  Belgique. 

 

 

P.59 Sur la passerelle ou manquait la plus-part des planches nous franchîmes l’Aisne. Celui qui m’accompagnait s’appelait Pierre Mouly. Il était d’Uzerche. C’était un héros. L’après-midi sorti pour une réparation, j’aperçu venant d’un bois situé à notre gauche, en avant, de fortes colonnes Allemandes qui se dirigeaient vers les premières lignes. Justement téléphonant à la division, et Blin le Chef d’Etat-major étant à l’appareil, reconnu ma voix. Souvestre nous ne savons rien ! Ou en est-t-on ? Je lui dis notre faible avance et surtout lui signalait les renforts allemands qui débouchaient des bois. Nous étions là dans notre abri attendant l’attaque ou la contre-attaque quand survint dans notre poste S….. lieutenant-colonel, commandant l’infanterie divisionnaire : une brute.

 

-Les Allemands attaquent tout le monde dans la tranchée, ramassez les fusils des morts et plus vite que ça ! Il mit la main à son révolver. Chef de poste j’objectais que la division allait se trouver isolé de l’avant, bien que toutes nos lignes fonctionnent.

P.60  division allait se trouver isolé de l’avant, bien que toutes nos lignes fonctionnent. Il nous flanqua dehors. Nous nous étions dans la tranchée avec l’infanterie et j’entendais au fond de la sape les sonneries nous appeler vainement. Soudain, il me vint une idée. Des fils couraient au long des parapets. Je les suivis et aboutis à un poste d’artillerie. De là j’appelais la division, et Blin en particulier.

- comment se fait-il que vous ne répondiez pas. On appelle sans arrêt.

Je le mis au courant.

-          Retournez à votre poste de suite

Comment s’y pris-t-il ? Je n’en sais rien. Toujours est-il que D… lui-même nous cherchait dans la tranchée. Il parait qu’il avait pris un de ces abattages qui compte. La contre-attaque fut enragée, mais notre avance aussi. D’autres attaques nous firent gagner un peu de terrain. Je crois que c’est après cette attaque qu’il faut situer l’épisode qu’à tort, je fixe au jour même de l’attaque d’ensemble le 16 avril

Dans l’ensemble l’attaque fit réaliser..

 P.61 Mais les sacrifices étaient disproportionnés aux résultats. Nulle part le front était percé, par compte le moral des soldats était dangereusement ébranlé. La butte de Craonne truffée de cavernes ou s’abritait les renforts ennemis fut cependant conquise. Le boyau de Californie qui la traversait n’était qu’un mélange de capotes grises et bleues cimentée de chair et de craie. Sous le soleil s’en dégageait une odeur effroyable. De là-haut par temps clair, on apercait la cathédrale de Laon. Ce n’est pas demain que nous y parviendrons.

 

Nous sommes restés longtemps dans cette région, après une période de repos , nous occupions à nouveau des positions peu différentes des précédentes.

 

J’eu une permission. En revenant fatigué de 2 jours de voyage dans les trains de permissionnaires sans carreaux et bruyant, je pensais rester quelques jours dans le village sans civils ou stationnait la cavalerie de mon détachement et les sapeurs au repos après de longs séjours en ligne.

 

P.62… de longs séjours en ligne. En fait de repos on me donne l’ordre de monter immédiatement au « bois de la mine » séjour parait-il de tout repos. (je ne sais pas, si cela, a été le cas, vu la photo di-dessous !)

 

bois de la mine

 

Dessus: Bois de la mine (Aisne) 1917.

Etant seul, je décide de ne pas prendre les boyaux. Je suis une petite route toute blanche ou je fais ma première rencontre : 2 vipères qui se chauffent au soleil. J’ai des guêtres. Deux coups de talons, elles ne mordront plus. Plus loin les boyaux éventrés par les obus de l’attaque du 16 avril s’ouvrent comme des entonnoirs démesurément évasés. Me voici arrivé. Un long abri couvert de rondins, vaste mais peu solide, dont une partie d’ailleurs s’est écroulée sous les obus. Je dévisage mes compagnons, et m’aperçois que comme toujours on m’a fait cadeau des plus froussards de l’équipe. Me voici à nouveau chef de pose d’un joli quatuor de peureux. A présent je suis caporal. On m’a enfin nommé avec ce motif « sapeur intelligent et très brave ». Ça ne devait pas se voir beaucoup, car on a mis le temps pour le découvrir ! Dans nos abris on s’éclaire à la bougie. Comme elles brulent jour et nuit, elles s’usent vite et c’est sans arrêt qu’on doit en réclamer. J’en demande 12. On m’en envoie 6. Je proteste.

P.63 On me dit de les couper en deux !! On ne pouvait prendre les messages sans lumières. Dans ce poste nous sommes seuls. Nous faisons plutôt fonction de poste de coupure. Car on a intérêt à réduire la longueur des lignes pour hâter et faciliter les réparations incessantes provoquées par le bombardement. Bref on me dit qu’en effet ce poste est calme. Après avoir été le théâtre visible de furieux combats. Je n’avais point l’habitude d’être placé dans des milieux si paisibles. Cela m’étonnait. Vers 6 h le soir, nous entendions quelques obus qui ont l’air de rater. Je sursaute, je connais ce bruit-là. Transmettez à tous les postes « alerte aux gaz » On ne me croit guère tout d’abord. Et puis pendant des heures des obus toxiques nous cernent. Nous sommes haletants sous nos masques. Toute la nuit se passe ainsi.  Au matin cela dur encore. Un bout de l’abris s’effondre. Une ligne est coupée. Ne la connaissant pas, j’envoie 2 hommes avec un appareil respiratoire Tissot, plus facile à supporter que le masque mais encombrant.

 

tissot

 

 

Dessus: appareil Tissot

Au bout d’un moment, j’essaie la ligne. Elle est reliée avec un poste d’artillerie inconnu. Dans leur hâte, ils ont raccordés le fil coupé avec un autre, sans vérifier avec leurs appareils portatifs si c’était le bon.

P.64 Les voici revenus. Je les complimente et je prends le plus froussard et repars avec lui. Nous sommes copieusement arrosés. Toujours des obus à gaz. Nous voici à la réparation qu’ils viennent d’effectuer. Je défais l’épissure, j’essaie posément, lentement mais rageusement les fils coupés. Je répare, isole. Mon compagnon tremble de tous ses membres. Voilà on risque sa vie deux fois au lieu d’une. Il part en courant, et j’arrive 10mn après lui au poste. J’avais une belle équipe !!

Je disais plus haut que les boyaux avaient les parois si écroulées, qu’ils n’offraient guère de protection. Des avions allemands nous mitraillaient parfois, quand nous allions en réparation. Pourtant nous n’étions que deux. Pour ce mettre à l’abri de leur coup, le froussard cité plus haut qui s’appelai Vaille, imagina de se coiffer d’un casque allemand. Nous avons bien ri quand quelques jours plus tard notre inénarrable Vaille qui était parti seul fouiller

P.65 quelques abris allemands récemment conquis, nous déclara avoir été mitraillé par un avion français.

Moi aussi je suis allé fouiller des abris allemands, mais sur ordre. Les allemands avaient établis devant leur ligne un réseau électrifié. Le chef de l’état-major le commandant Blin, toujours lui, me téléphona pour que j’essaie de  trouver la centrale qui l’alimentait. Avec un sapeur je suivis les câbles. Ils aboutissaient à l’entrée à demi-éboulé d’un abri souterrain. Je revins avec du câble et m’étant fait attaché à la ceinture, je me glissais sur le dos par l’étroite ouverture. Nous avions de puissantes lampes électriques portatives. J’arrivais dans un couloir boisé. Tout au long s’ouvrait des pièces également boisées toutes intactes et fort nombreuses. J’avais tourné à gauche en bas de la descente, je revins à celle-ci et pris la droite du couloir. J’arrivais à une pièce ou était étendu sur le sol un allemand. Des rats sortirent de son ventre. Quelques papiers que je pris, ce devais être le poste téléphonique mais pas plus que la génératrice. Les téléphones n’étaient pas là. Tous avaient été déménagés avant le recul.

P. 66 Avec le peu de succès des attaques d’avril, des révoltes eurent lieu dans l’armée. On fusilla quelques hommes qui n’étaient point tous pour quelques choses dans cela. Petit à petit le calme dans les esprits.

 Je pense que c’est vers ce moment que je suivis avec d’autres gradés des divisions voisines, un court d’instruction téléphonique. Je n’en avais pour ma part, nul besoin, et celui qui m’accompagnait de mon détachement, était ingénieur électricien de Grenoble dans le civil !

 

Cela nous fit du bien, en ce sens qu’un peu plus tard, on nous envoya tous les gradés téléphonistes des régiments d’infanteries et d’artillerie de la division et que nous leur fîmes (tous les 2) un cours pratique. Cela dura un mois, dans un patelin un peu en arrière, et nous réussîmes à partir deux ou trois fois pour 36 heures,  pour fausses permissions à Paris !!

 

Je crois que peu après, nous partîmes avec la DI au repos à Villers cotterêts.

 

P.67 J’en profitais pour visiter le château fort de Pierrefonds.

 

Pierrefonds

 Nous fûmes envoyés en renfort (toute la division) dans le secteur de l’Artois. Mais je crois que nous n’eûmes pas à intervenir. Alors que la guerre s’avance, mes souvenirs sont plus imprécis. Surtout à l’époque de l’hiver 17-18.

 Je me souviens avoir été dans un secteur je ne sais plus l’endroit, ou je fus envoyé dans un poste de commandant de bataillons (poste occupé normalement par les téléphonistes d’infanterie) et que dans ce lieu nous fûmes bombardés par gaz. Une dizaine de lignes aboutissaient à l’entrée de l’abri souterrain, ou elles pénétraient en suivant l’escalier. Or un obus à gaz tomba juste sur l’escalier. Il ne fit pas de gros dégâts mais coupa toutes les lignes. Les gaz lourds descendirent dans l’abri. Comme ma gêne respiratoire me faisait sentir l’effet des gaz avant tout autre, j’avais mis mon masque sur le visage dès que les premiers obus toxiques étaient tombés dans les parages. Avec des gants, je réparais mes lignes. Et un par un tous les occupants de l’abri, commandant en tête atteint par les gaz, durent quitter l’abri pour l’arrière.

 

P.68 Toute la soirée, la nuit je restais seul. Les communications continuèrent. On m’appelait « mon commandant » et à chacun je devais raconter ce qui était arrivé. Je donnais les communications entre postes, et informé par l’écoute de tous se qui se passait dans mon secteur, je renseignais parfois directement les officiers des compagnies reliées à mon central. Le lendemain de nouveaux arrivants me remplacèrent, et je racontais au commandant les événements de la nuit. Comme quoi un caporal de génie peut remplacer un quatre galons !!!

  

Nous occupâmes un moment un secteur dans le bois de Beaumarais. Je suppose que cela se trouve dans l’Aisne sans en être absolument certain. Ce bois assez marécageux, ne portait plus que des moignons d’arbres déchiquetés à deux ou trois mètres du sol. Une route, ou une partie de route le longeait. Dans le fossé, comblé par places, par des tombes. Des Français reposaient. Ils avaient été enterrés là par les Allemands.

 

P.69 Et ceux-ci sur une plaque de bois ou de pierre avaient inscrit : y-ci repose un brave camarade(ou soldat) français mort pour son pays. Ce secteur devait être passer alternativement d’une main à l’autre.

 

Dans ce cimetière d’arbres, certains étaient curieux. Ils étaient factices et creux. Des guetteurs reliés téléphoniquement les occupaient. Rien ne les distinguait comme aspect des autres. Ils avaient été placés là pour la nuit.

 

 Dans le début 1918, nous partîmes pour l’Alsace. Secteur calme. Les villages encore occupés par les habitants, n’étaient jamais bombardés. Seules les routes recevaient des obus. Les Allemands espéraient toujours reprendre cette partie d’Alsace que nous occupions depuis 1914 ou 1915. Notre division occupant le secteur de Masevaux, Thann, Soppe le bas, le haut.

Je cite les noms dont je me souviens. La division était à la Chapelle sous Rougemont.

 

Chapelle sous Rougemont

 

Les Américains d’une division fraichement débarquée vinrent s’y mettre un peu au courant.

P.70 J’eus avec moi des téléphonistes américains. Nous allions réparer des lignes avec motos et sidecar ! Si ils ont cru, en ce secteur de tous repos que c’était ça le front, ils ont dû ensuite avoir des désillusions. Les civils ne se plaignaient pas du régime allemand. Ceux de descendance Française, disaient même qu’ils étaient privilégiés. Le Dimanche, certains vieux arboraient le ruban noir et vert de la médaille de 1870, et dans les cafés, les serveuses portaient le costume alsacien. La sécurité était si grande, que des imprudences étaient commises. Telle cette voiture de ravitaillement à chevaux, venue en première ligne, et qui trouva le moyen d’être faite prisonnière.

C’est dans ce secteur que me parvint le télégramme m’annonçant la mort de maman. Le lieutenant du détachement me fit appeler pour me présenter ses condoléances, et le chef d’état-major de la division, averti par je ne sais qui, me demanda également. Il téléphona lui-même à Belfort pour savoir à quelle heure partirait un train sur Paris.

P.71 Et quand il fut fixé, une voiture de l’état-major me conduisit à Belfort pour l’heure du train.

 

belfort

 

Tous les camarades me témoignèrent leurs sympathies en cette circonstance, et beaucoup pleurèrent.

A une précédente permission, un peu après qu’on eut opéré maman, vainement d’ailleurs, sachant qu’elle ne pouvait plus se nourrir que d’eau sucrée, et que le sucre était rationné, tous furent d’accord pour réduire le sucre dans le café, pour que je puisse en apporter pour elle.

Je ne sais plus si à mon retour, ma division était encore là. Je crois que c’est à ce moment que les allemands attaquant une force en Champagne, menaçaient Epernay qu’ils bombardaient nuits et jours.

 

epernay

 

Nous avons occupés des villages aux noms célèbres dans le domaine du champagne : Damery, …  etc.

 

damery

 

J’eus un poste à l’orée du caveau immense, remplie de barriques et de bouteilles remplies du précieux  liquide. Hélas les soldats avaient éventrés maintes barriques et cassés des milliers de bouteilles dont certaines étaient très vieilles. Je fus chargé d’empêcher qu’on pénètre à nouveau dans ce cellier.

P.72 Hélas, si les soldats n’y venaient plus, certains officiers ne s’en privaient pas guère !

A Da.. Nous étions à peu près tranquilles. Parfois  cependant, une rage prenait les artilleurs Allemands et ils nous arrosaient. Un jour que cela se produisait, le chef d’état-major  (le commandant Blin toujours lui) me chargea d’aller voir le calibre des obus, dont on nous gratifiait. J’arrivais dans une cour, quand une salve y heurta le sol dur, multipliant les éclats, j’en reçu un dans la main. Sans profondeur. Je me fis soigner en revenant. Les allemands attaquaient en Champagne pour fixer leurs réserves. Nous attaquions parfois deux fois par jour sans succès d’ailleurs, mais non sans pertes. Pour ces attaques nous montions en ligne ou n’avions d’ailleurs guère à faire. Nous étions fort brave, car nos bidons de 2 litres étaient remplis de champagne. Nous avions des noirs avec nous. Ils attaquaient sans se baisser ni sans s’abriter, et leurs cadavres parsemaient les champs moissonnés ou nous attaquions.

P.73 Je revis Fleury la Rivière ou nous étions venus au repos l’hiver 16 . Le pays était détruit. On se battait à la lisière au bois dit « du roi « dans une sape allemande. Je trouvais un pistolet allemand légèrement déformé par un éclat qui avait tué son porteur. Il fut réparé facilement. Mais à Saint Léger mon beau père l’enterra en 1940 à cause de la prise des Allemands, et il fut inutilisable.

Est-ce après ce secteur que nous sommes retournés quelques jours au repos à Villers cotterêts. Je ne sais. Toujours est-il que les fluctuations de la dernière bataille de la Marne, avaient obligés nos troupes à un recul assez accentué. Des renforts débarquèrent par camion à Villers à demi abandonné par ses habitants. Les conducteurs des camions en profitèrent pour piller. Nous avons Larradin et moi cherché à retrouver notre logeuse de 1917. Elle se souvenait de nous. Mais les chauffeurs de camion, lui avaient volé tous ses matelas de laine, et les couvertures de même nature. La laine était rare, et se vendait fort cher. Après des pourparlers, elle consenti néanmoins à nous loger.

P.74 Nous couchions à même le sommier avec nos couvertures de soldats. Nous en étions pas à cela près. Je pense qu’après nous partîmes à Pont à Binson, région d’Epernay.

 

port a binson

 

Nous fume cantonné à Châtillon sur Marne à peu près détruit.

 

chatillon2log

 

On nous avait assigné un grenier sans toit comme abri : il pleuvait. Le téléphone de la division était installé à la prison. Nous trouvâmes dans la prison des femmes (inoccupée comme celle des hommes) un logement bien sec et propre. Chatillon est sur une hauteur, qui domine la vallée de la Marne. Une statue géante d’Urbain (Pape) bénit la vallée. Sous son bras, on a par une ouverture une très jolie vue. Je ne sais pas trop ce que nous faisions là. L’infanterie était je ne sais ou. Fut ce de là que nous partîmes à Estrée St Denis ou nous restâmes quelques jours.

 

estrée

 

Nous ignorions totalement ce qui se passait et les attaques furieuses des Allemands. Un jour on nous désigna à 10 pour monter vers Moyon à bicyclette. J’en étais. Les vélos de l’armée était de pauvre camelote et au bout de peu de temps, chacun devait en remorquer un autre. Il faisait nuit quand nous arrivions à proximité de Moyon.

P.75 Des avions Allemands mitraillaient les routes avec des balles traçantes (lumineuses). Vues la cohue, ils faisaient souvent mouche. Il parait que nous allions relever des divisions Anglaises qui avaient cédées. Bref, nous atteignirent Moyon et le lendemain le détachement arrivait. Nous fume répartis dans des postes divers s’étendant de Moyon aux premières lignes.

J’étais chef de poste, avec 3 ou 4  hommes plus 2 TPS (télégraphistes par le sol) également de notre détachement. Un camion était avec nous car les accus des TPS étaient lourds et nous n’avions pas …de fils en réserve. Nous étions dans une ferme évidemment abandonnée.

Quelques obus, quelques jours. Puis tandis que le bombardement se rapprochait, aucune liaison vers l’arrivée ne fonctionnait. Aucunes réponses, et pourtant nos lignes semblaient intactes. Comme nous nous interrogions sur ce mystère, un fantassin pénétra dans la ferme nous demandant si des soldats s’y abritaient. Sur notre réponse négative, il nous dit : que faites-vous ici ?

P.76 Les Boches arrivent. J’essaie d’empêcher la mise en position d’une batterie de 77 Allemande sur la crête, mais je suis seul, je vais devoir partir. En effet, nous vîmes les Allemands à très faible distance, et le brave fantassin. L’un tira une salve. Nous commencions à ressembler le matériel puisque personne ne répondait à nos appels, quand un obus tomba dans la cour crevant le radiateur de notre Renault. Sans se démonter, le conducteur, le père Bourgeois resserra avec une pince le bout de cuivre des tuyaux crevés. La route battue par l’artillerie ennemie était devenue intenable. Le camion parti seul. Il ne pouvait être question, dans l’état ou il se trouvait de l’utiliser. Il passa dans les champs et parvint à s’échapper. Quant à nous, nous partîmes à pieds. Les postes intermédiaires avec lesquels nous étions reliés étaient abandonné. On avait tout simplement, nous qui étions les postes avant, oublié de nous donner l’ordre de la retraite.

P.77 Au loin une fumée noirâtre immense, était l’incendie du dépôt de matériel téléphonique de l’armée, pressentant le recul, on y avait mis le feu. Epuisés, nous abandonnâmes les accus dans un fossé. Nous ne pûmes retrouver notre division. Les gens abandonnaient leurs maisons à Moyon. On s’y battit plusieurs jours. La cavalerie Australienne chargea plusieurs fois jusqu’au dernier homme. Gamelin notre général qui commandait notre division (la 9ème) dirigea la résistance. Et celle-ci permis aux renforts accourus d’éviter le pire.

Il fallut que nous allions jusqu’à Compiègne pour savoir au central téléphonique où se trouvait notre détachement et recevoir des ordres.

 

compiégne2log

 

La ville était abandonnée de ses habitants. Quelques obus avaient atteint le palais et plusieurs maisons. Nous cantonnions sur l’ordre qu’on nous donna à Marly les Compiègne en attendant le regroupement. Nous étions dans la demeure d’un marchand de vin. Et il y avait de nombreuses volailles. Aussi bien que,  non ravitaillés,  nous n’avons pas faim ni soif.

P.78 La dernière année de guerre, celle que je décris actuellement, est celle dont mes souvenirs sont le moins précis. Je bouscule certainement la chronologie des faits.  L’épisode des noirs tués dans les champs moissonnés, ou ils s’abritaient (si on peut dire) derrière des gerbes dressées doit être de juillet ou aout.

Je me souviens que dans une plaine, coupée tout à coup par un remblai fort élevé de chemin de fer, nous avons été un sergent d’infanterie : Raisin,  et moi en renfort, pris sous un déluge d’artillerie, par crânerie je m’arrêtais pour faire une cigarette malgré les abjurations de mon compagnon. Je venais de perdre maman, n’avais plus le gout de vivre. Au pied du ravin des noirs tués. L’un d’eux,  couché face à terre le sac à dos ouvert, avait dans celui-ci un dictionnaire français-allemand.

Au cours d’une avance dans la Marne, nous nous retrouvâmes dans des villages où nous étions venus au demi…..On s’y battait. Un nouveau lieutenant me téléphona pour me demander d’aller à sa rencontre car il ignorait le chemin.

P.79 J’étais avec 3 ou 4 sapeurs télégraphistes désignés pour accompagner le bataillon d’avant-garde de l’infanterie. Au cours de l’avance ultime, il en fut chaque jour ainsi, une pièce de 75 nous accompagnait.

J’allais donc au-devant du lieutenant. Nous passions dans les champs ou restaient de nombreux morts récemment tués au court de l’avance. Le lieutenant s’arrêtait à chacun et saluait. Les Allemands tout proches, nous tiraient dessus avec leurs mitrailleuses, ne visant surement pas d’ailleurs. Mais nous étions dans leur trajectoire. Je fis observer au lieutenant que c’était très joli d’honorer les morts mais qu’il vaudrait mieux ne pas s’arrêter si nous ne voulions promptement les accompagner. J’entendis un long discours (en marchant) toutefois, sur le respect dû aux morts pour la France etc...) Je luis dis que j’étais blasé de tout cela et que dans un moment, il serait de même. Je lui citais même que dans un observatoire à Verdun nous voyons les usines en activités occupés dans la région d’Etain par les Allemands et qu’il était interdit de tirer dessus.

P.80. Bref arrivé près d’une ferme dont une partie était encore occupée par les allemands, je rejoignis mon équipe. Et c’est moi qui grimpant dans un poteau rescapé bordant une route, accrochait le fils qui reliait l’avant avec l’arrière, démontrant ainsi que celui qu’il devait taxer de mauvais esprit militaire sur son livret matricule n’en faisait pas moins sous les balles tout son devoir.

En un autre lieu, je ne sais plus ou occupions un hangar, criblé d’éclats. Notre ligne vers l’avant reliait un observatoire situé en pleine forêt. Peut être approchions nous les Ardennes. Les lignes furent coupées. L’artillerie boche s’en donnait à cœur joie. Je n’avais pas l’habitude de commander un homme plutôt qu’un autre. Je demandais : qui vient avec moi ? Car responsable, je participais à toutes les réparations à moins que le secteur ne soit calme. Lequel je laissais 2 autres y aller. Cette fois personne ne se décidait. Je dis bon j’y vais seul. Nous avions avec nous depuis un moment des sapeurs du génie d’une équipe de projecteurs.

P.81 Ces appareils étaient parfaitement inutiles. Remplacés avantageusement pas les fusées éclairantes. L’équipe fut dissoute. J’avais dans le poste que j’occupais, un sergent de cette équipe. Bien que caporal, c’était néanmoins moi le chef de poste. En effet, ces hommes ne connaissaient rien à la téléphonie. Comme j’allais partir seul, le sergent « Prim » dit je vais avec toi. C’était un méridional point trop brave, mais bon garçon. Nous fûmes copieusement arrosé et bien sur la rupture de la ligne était dans l’endroit le plus marmité.

A quelques temps de là, je dus suivre jusqu’au bout ce circuit. Il aboutissait en forêt sur une hauteur dominant les lignes ennemies. J’eus la surprise d’y trouver le lieutenant Demange, l’officier observateur, qui était avec nous à Souville. Lui qui m’avait promis un bon repas  à  notre prochaine rencontre. Il s’excusa en riant de ne pouvoir tenir parole. Je ne le revis jamais. Quelques temps après, je fus proposé pour une citation. Je la fis donner à Prim, qui n’avait pas encore la croix de guerre.

P.82 C’est à ce moment que l’on commença à parler sur le front de la grippe espagnole qui fit tant dans les armées, que dans la population civile des centaines de milliers de victimes.

On enterrait dans les villes, la nuit, dans des tranchées, sans cercueils. On parsemait les corps de chaux vive.

Au front on doubla la ration d’alcool, de tabac. Je m’efforçais à fumer une pipe que j’avais prise dans un bureau de tabac au ¾ détruit dans une ville abandonnée. Je ne réussis qu’à me donner mal au cœur.

Je vais aborder à présent  la phase finale de cette longue campagne. J’aurais surement oublié des épisodes, surtout certains de 1918. Nous avons tant fait de déplacements cette dernière année, que j’en oublie probablement.

 

souvestre

 Dessus: photo annotée, à mon ami Souvestre, d'un jour en Argonne, octobre 1918..

 

Bref en cette dernière partie de la guerre, nous fumes ramenés dans notre ancien secteur situé entre Craonne et Berry au Bac. En 1917 nous avions attaqués vainement en direction d’Amifontaine. Cette fois ci nous y parvenons. Nous campons dans le cimetière, l’église y est attenante. Les Allemands y parquaient leurs chevaux.

P.83. Nous avions un abri dans le cimetière. Les terres étaient retenues par des planches mal jointes par lesquels nous apercevions dans leurs  fentes des ossements blanchis.

Nous progressions, sur les routes, dans les carrefours notre artillerie (des 120 longs filloux sur roues caoutchoutés) avait fait un beau travail. Des caissons éventrés, des chevaux tout jeunes aux naseaux roses abattue, des hommes tués, un vrai carnage. Plus loin des canons abandonnés encore attelés de cordage à les faire tracter par des centaines d’hommes. Puis sur des kilomètres de profondeurs, d’épais réseaux de fils de fer barbelés, absolument infranchissable (ligne hindenbourg). Infranchissables certes, mais il y avait nos tanks les petits Renault, nombreux, puissants qui écrasèrent cette barrière formidable et permirent notre avance. Désormais malgré les nombreuses mitrailleuses enchainées à leur pièce pour retarder notre avance, plus rien ne pouvait plus l’empêcher. Les villages repris se succédaient, des civils y restaient encore, peu nombreux. Ils nous disaient la joie des soldats allemands de voir se terminer la guerre.

P.84 Certains se déguisaient de costumes trouvés dans les maisons et transformaient leur déroute en mascarade. Dans les Ardennes, marchands avec le bataillon d’avant-garde, j’occupais un poste téléphonique allemand. Ses occupants avaient fuient si vite que tout était intact, même restait le fanion indiquant son emplacement. Je l’emportais. A Tournes gare de triage à proximité de Charleville, tout le ravitaillement d’une armée tomba entre nos mains. Auto, moto, matériel et vivres. Ce dernier point nous intéressait car les routes minées, coupées, empêchaient le ravitaillement de nous parvenir. Un jour, à cheval, notre adjudant nous apporta des boites de sardines. Il n’avait oublié que le pain. Il y avait des champs immense de choux à Choucroute. Dans une vieille marmite de fonte, nous fîmes de la soupe, sans sel, sans rien d’autre que de l’eau. Il faisait froid. Nous nous régalâmes. Il y avait de nombreuses bombonnes contenant de l’alcool pour la troupe.

P.85. Cet alcool avait le gout de parfum et était guère agréable. On cassa toutes les bonbonnes pour éviter les excès. Dans des wagons, il y avait des tonneaux de graisses. D’autres étaient remplis de pomme de terre. Quelle joie de faire des frites. Les allemands ne tiraient plus guère. Sauf sur Charleville ou jusqu’à onze heure, le 11 novembre leur artillerie pilonna la ville et l’hôpital. Dans un moulin à eau, des prisonniers avaient été parqués, des lits superposés. Par les trous du plancher on voyait la rivière.Il devait y faire très froid l’hiver. Les rats y pullulaient La paille était rare et sale. Un matin la radio, vint nous réveiller ou tout au moins nous prévenir car on ne dormait guère (il était 6 h) qu’ils avaient capté un télégramme annonçant l’armistice et la fin des combats pour 11 heures. Ce fut du délire. Un homme fut tué encore ce matin-là, un père de famille, ce fut le dernier de notre division.

P.86 A 11 heures de part et d’autre de la Meuse, les soldats montèrent sur les parapets tandis que sonnait le cessez le feu. C’était fini.

Quels sentiments nous éprouvions. ? Celui d’une joie immense. On n’est pas engagé depuis tant de mois dans si formidable partie sans désirer la gagner. Et pourtant pour beaucoup se faisait sentir une certaine appréhension devant l’avenir. Que retrouverions-nous ? Quel travail, quel avenir ? Mais chez tout un immense besoin de repos, de calme, de vie tranquille, de chez soi.

A Charleville, bien plus qu’en France non occupé, on voyait quel immense dénuement la guerre avait causé. Dans des étalages de tailleurs, sur  des mannequins, deux figures fatiguées s’étalaient des costumes désuets et rapiécés seules marchandises disponibles. On vendait des savons colorés, fait de sable, inutilisables !

P.87. Tout était à l’avenant ! Les soldats allemands ne touchaient guère que de la cassonade faite de tous les végétaux possibles et chimiquement aromatisés. Ils tinrent dans des conditions épouvantables et avec un courage indéniable. J’obtins une première permission le 10 janvier. Je dus aller à pied jusqu’à Rethel 10 km environ pour prendre le premier train qui quittait cette ville. La loco franchit le pont sur pilotis, de la Meuse en crue. Celui-ci tremblait si fortement, que certains le descendirent et préfèrent le franchir à pied. C’est à cette permission que je rencontrais celle qui devait plus tard être ma femme, votre mère. Nous ne fumes pas désignés pour l’occupation en Allemagne, pas d’avantage pour le défilé sous l’arc de triomphe. Nous fumes envoyés à Compiègne ou je logeais dans le palais. Ensuite je fus envoyé à Péronne ou j’aidais des téléphonistes de PTT à remettre des lignes en état.

Démobilisé, je reçu une petite somme pour ces services. Péronne était détruite.

 

Péronne

Sur la place, sur un pan de mur, un calicot fixé par les allemands invitant à ne pas s’attendrir sur ces ruines, mais à en rire, quel humour !!

Je fus renvoyé à Amiens pour terminer mon temps. En arrivant dans cette ville, le train dérailla. On m’offrit de rengager avec un avancement immédiat. Ça suffisait comme cela. Une visite médicale, me déclara en parfait état. Je toussais à fendre l’âme. Je toussais tant que je fus refusé pour une visite médicale pour les chemins de fer. Enfin je parvins et y entrer mais trois mois plus tard à une autre visite passée à Valenciennes ou l’on m’avait envoyé, je fus définitivement renvoyé de la Compagnie. Bon pour être soldat, mauvais pour être civil.

Je m’étais marié dans l’intervalle à Valenciennes. Je trouvais du travail comme électricien. Et j’y suis toujours resté. Mon fils Jacques y ait né, et sans doute y finirons-nous.

Terminé d’écrire en Mars 1964.

(Merci à Mlle Faure Agnès, qui m a retranscrit sur word le document ci-dessus..)

 

carnet1

 

carnet2

 

Dessus: encore un extrait du carnet...les effets emportés... 

Dessous: Des documents relatifs à M Souvestre sous les drapeaux...

Documents divers du dossier:

 

argonne grange le compte 1916

 

Dessus: photo annotée, Argonne , grange Le comte 1916.

 

chateau

 

Dessus: chateau de Jean D'HEURS .55000 LISLE EN RIGAULT

la pecherie

 

Dessus: la ferme de la Pêcherie (à peu près entre entre Pontavert et Berry-au-Bac) 

ordre

 

ordre2 photo souvestre a

 

 

Dessus: laisser passer. le 2 mai 1918                                               dessus: photo annotée: Alfred à gauche.

tank

Dessus: Aisne devant Juvicourt 1917. Tank Français. Attaque du 16 avril 1917.

 

(Tank SCHNEIDER, groupe AS2, groupement BASSUT- N°61034 , 7ème char de la batt1°-chef s/Lt Leblond)

 

canon

 

Dessus: photo annotée, atelier volant de réparation.

 

Des diplomes, citations:

 

médailles souvestre

 

Dessus: Le diplome de Vauquois d'Alfred Souvestre: médaille de Verdun, commémorative de 14 18, médaille de l'Yser (Belge) légion d'honneur, 4 croix de guerre, médaille militaire,intéralliée, croix du combattant, médailel de Vauquois/Argonne.

croix de guerre citations souvestre

 

Dessus: vue rapprochée des croix de guerre....

médaille intéralliée

 

Dessus: Diplome de la médaille intéralliée de la victoire.

diplome yser souvestre

 

 

Dessus: diplome de la médaile de l'Yser, attribué au caporal Souvestre Alfred. 

citation4

 

Dessus: Citation à l ordre N°8 Régiment du génie, du quartier général, de la 9ème Di, à Souvestre Alfred sapeur téléphoniste, le 12 décembre 1916, signée du chef de bataillon LABORDERE.

citation1

 

Dessus: Citation à l ordre de la 9ème Di, N° 176

citation3

 

Dessus: citation de la 9ème division, extrait de l'ordre 375, fait au PC le 16 octobre 1918, signée le général GAMELIN? Au caporal Souvestre, du 8ème régiment de génie, détachement télégraphique.

citation2

 

Dessus: Citation à l ordre de la 9ème Di, extrait de l'ordre 397,délivrée au caporal Souvestre, fait au QG le 23 novembre 1918, le général GAMELIN.

extrait ordre 9 division

 

 

LEGION D HONNEUR2

 

Dessus: Candidature au grade de la légion d'honneur de M Souvestre Alfred le 24.08.1976

 

LEGION D HONNEUR SOUVESTRE

 

 

Dessus: document de nomination (3 ans après...) au grade de chevalier de la légion d honneur à Alfred Souvestre.

 

diplome legion d honneur souvestre A

 

Dessus: le diplome de Chevalier de la légion d'honneur de Souvestre Alfred. 

 

légion d honneur souvestre2

 

coupure journal

 Dessous: des documents hors sujets (14 18) Mais, que je tenais à mettre quand même !

Souvestre fût résistant lors de la 2ème guerre mondiale.

carte2

 

Dessus: Féfération Nationale des anciens de la résistance

carte resistant

 

Dessus: carte resistant F.N (Front National) France d'abord.

carte3

 

un lien sympa, sur le matériel de téléphoniste:  http://firstwartechnik.free.fr/

 

 

 

 

 

 

19 décembre 2008

les infirmières..le service de santé

 

 

 

infirmiere hopital_st_girons_aout_septembre_1914bis

 

infirmiere   l_angoisse

les_soins   lettre_aux_parents

 

elles_ne_les_oublient_pas

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Dessus: Document "SBM" journée au profit des sinistrés de la Vallée du Munster.

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dessus: dames de la croix rouge

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Dessus: document SBM (collection PHROBIS menbre zitocland..)

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(dessus collection J.MAURET)

 

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dessus: tenues d infirmières....

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INFIRMIERE

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Hopital militaire, st Thomas de villeneuve- AIX

hopital

 

sb

INFIRMIERES

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Honneur aux infirmières !

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Dessus: le camion est abimée, explications dessous !

EXPLICATIONS

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dessus: ambulance 4/15 appareil automatique génératrice d oxygène.

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Dessus, une malle d ambulanciers, comprenant des pansements (photo de Franck)

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Dessus, une vue du dessus de la malle (photo de Franck)

Sans_titre___500 Sans_titre___60

 

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Dessus: soldat du 13 ri ou rit !? (chiffres blancs...passés à la craie pour mieux les voir ou territorial !?)

123 1418

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dessus: à droite soldat du 55 ème régiment

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Dessus: soldat du 145 ri.

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Dessus: Un brancardier reconnaissable à son brassard, avec une croix dessus...Photo probablement prise en 1915 ! On remarque son ceinturon à la grenade...

15 ri

Dessus Aloy et Gouirand à Brocourt (Meuse) 1914. 15ème régiment d infanterie.

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TM

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PONTAVERT - Brancardier Position de la Platrerie en avril 1916 WW1 230 RAC

 

Dessus: Un infirmier/brancardier sur le front ! ENVIRON de PONTAVERT - Position de la Platrerie en avril 1916, 230 RAC.

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Dessus: poste de secours, et colobomphiles

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affiche de protection des pigeons voyageurs ministère de la guerre.

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Voir les jolies capotes modèle "poiret" ! et l infirmière !

bless_

Dessus: transport d un blessé au poste de secours...

fiche__vacuation

fiche__vacuation2

dessus: fiche d évacuation

(doc de killer2lamor du site lagrandeguerre..)

fiche_maladie_2

 

dessus: fiche de maladie ou de blessure...

                 fiche_d

                 fiche_c

dessus: encore un exemple de fiche (de blessure de guerre) vue recto et verso (photos de Vandeweege Philippe, membre du site la grandeguerre...)

caisse

dessus: caisse d infirmier 14 18, ampoules de morphines..

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(dessus collection particulière.)

 

 

hopital

dessus: ABLAIN poste de secours

ABLAIN___1

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dessus: THIAUMONT poste de secours

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Dessus: poste de secours de ST WAAST

belleville_sur_meuse

Dessus BELLEVILLE SUR MEUSE poste de secours

cotes_des_melons

Dessus: COTE DES MELONS enlèvement d un blessé...

petite_infirmi_re

dessus: future infirmière..

dames_de_France     FEMMES_DE_FRANCE   

 

 

femme_de_france

CROIX CROIX_ROUGE

infirmi_re

 

CROIX  FEMME_DE

bless_

LECTURE infirmi_re

croix_rouge    sante

revanche

INFIRMIERES1

INFIRMIERES3

vous voyez nous aussi, nous avons nos gaz axphyxiants !

INFIRMIERES4

DOUBLE_BLESSURE

-oui, il a reçu 2 balles dans la tête ! et combien de flèches dans le coeur !?

INFIRMIERES5

INFIRMIERES6

on m avait dit qu à l hopital je pourrais me reposer !

 

 

bless_s     infirmi_re

devouement   souvenir

dessus à droite, un obus peint...souvenir..

fine

la fine blessure !

hopital_militaire___1hopital_militaire_2__1infirmier3

    dessus:  carte de propagande, ensuite la meme carte, lorsque l on tire sur la languette du bas, une autre scène..et ensuite, le verso de celle ci !

dessous: un autre modèle

infirmier_bisinfirmier2jpginfirmier3

loste              EMPRUNT2

joseph LOSTE

Les brancardiers, risquaient eux aussi leur vie !

CERTIFICAT_BLESSURES_1918

dessus: un certificat de blessures...

 

sant_ sant_2

  

dessus: médaille de l union des Femmes de France.

(collection J.MAURET)   

uff

 

Dessus: Diplome de l union des femmes de France (doc de "Bourru14)

   INFIRMIERES9 INFIRMIERES11      

    INFIRMIERES12      INFIRMIERES13

                                                              ton or pour les héros...

INFIRMIERES14

 

 

 

INFIRMIERES17

toi bon barbier, petit Madame, toi venir dans mon pays, gagner argent beaucoup !

 

INFIRMIERES20

INFIRMIERES30

infirmi_re2

dessus: photo de plaque de pierre tombale prise au cimetière communal de Châlon en champagne

(photo du membre le Marnais du site la grandeguerre..)

infirmi_re_14_18

(dessus: dessin d infirmière, merci à Annie pour son document)

infirmi_re

dessus (doc de "Sylvain"membre du site lagrandeguerre)

19 décembre 2008

l appareil d assaut "MATTEI"

La "torpille Mattei", réglementairement appelée "Appareil d'assaut Mattei", appareil Français, appartient à la famille des inventions destinées à arracher les fils de fer barbelés des réseaux. L'appareil à pour but le transport mécanique d'une charge allongée sur un réseau de fil de fer.La portée maximum est de 75m.

 Le principe du procédé est le suivant:

-un grappin et son câble envoyé par un lanceur pyrotechnique

-le serpent, qui possède dans la tête un système permettant de remonter le câble jusqu'au grappin fiché dans le réseau de barbelé à détruire.
La tête et les éléments du serpent contiennent de l'explosif.

 matttei1

 Dessus: Belle et rare photo de cet engin ! Donc, engin de prise aux Français... (photo de "killer2lamor" membre du site lagrandeguerre...)

MATTEI_00

matei3

 

 

mattei_06

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MATTEI_10

MATTEI_11

MATTEI_12

MATTEI_13

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MATTEI_16

 

mattei2

 

Dessus: Encore une belle et rare photo de cet engin ! (photo de "killer2lamor" membre du site lagrandeguerre...)

MATTEI_17  MATTEI_18

MATTEI_19 MATTEI_20

19 décembre 2008

Le matériel Mathiot

Un drole d'engin ! Un matériel utilisé par les Français, mais surement peu, vu le peu de photos que l on voit de lui !

 

matériel Mathiot1log

()Doc de "killer2lamor")

matériel Mathiot2log

matériel Mathiot3log

matériel Mathiot4log

matériel Mathiot9log

Dessus: photo de l appareil (doc de "killer2lamor") il tirait les grenades sphériques de 82mm de diamètre (grenade mle 1914 !? )

matériel Mathiot4bis

(doc de "killer2lamor")

matériel Mathiot5log

matériel Mathiot5bis

(doc de "killer2lamor")

matériel Mathiot6log

matériel Mathiot7log

matériel Mathiot8log

19 décembre 2008

la cisaille Desamblanc

Parmi les objets inconnus de la guerre 14-18, voici la cisaille Desamblanc 

 

La cisaille "DESAMBLANC" a été organisée en vue de permettre aux charges allongées employées pour la destruction des réseaux de fils de fer, de traverser les bandes de treillages métalliques qui peuvent se trouver disposées sur les lisères  ou à l intérieur de ces réseaux.

Doc de "killer2lamor"

cisaille Desamblanc2

 

Dessus: Doc de "killer2lamor"

 

cisaille Desamblanc3

 

photos et doc de "killer2lamor"

cisaille Desamblanc4

 

 photo de "killer2lamor"

cisaille Desamblanc7

 

photo de "killer2lamor"

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